Il y a ce lieu ou ce moment où soudain, vous vous sentez libre d’enlever vos masques, de déposer vos fardeaux, de rêver et d’être librement vous-même, de laisser derrière celui qu’on voudrait que vous soyez ou encore celui que vous vous évertuez à être pour plaire. Puis, se retrouver, se regarder en face, se reconstruire, se fortifier, renforcer ses positions pour faire face autant au quotidien qu’à l’imprévu.
Quel est votre abri ? Qu’il soit matériel comme la maison de votre enfance ou immatériel comme votre foi en vous-même, en l’humanité, en Dieu, ne le perdez jamais de vue. Si vous ne le connaissez pas encore, cherchez-le, si vous avez perdu cet abri, édifiez-en un autre, plus solide et trouvez-y refuge autant que possible. Un certain recul, voilà les vacances que je vous souhaite. Vous vous dites sûrement qu’il est un peu tard pour parler de vacances, l’été tend vers sa fin et dès la semaine prochaine, ce sera la grande rentrée. En réalité, c’est le moment idéal pour parler de détente, pas une détente ponctuelle, estivale mais un recul fréquent pour affronter sereinement les défis quotidiens, pour ne pas céder à la panique face à l’inconnu aussi brutal ou étrange qu’il soit.
D’aucuns pensent que nous vivons actuellement des moments troubles. Ils iraient même jusqu’à dire : « ce monde était mieux avant ». Eh bien, laissez-moi les contredire ! Soit ils n’ont jamais vécu l’époque à laquelle ils se référent, soit ils l’ont traversée sans en vivre les malheurs, les conflits ainsi que les injustices, soit ils ont la mémoire courte ou sélective, soit ils se mentent tout simplement. D’après Charles PEGUY, le jugement historique n’est pas le plus fiable qui soit. Dans la même veine, la grossière comparaison de deux époques souffrira toujours de lacunes.
En réalité, ce monde a toujours été un océan de tumultes. Souvent, les fracas sont loin, on en a qu’un lointain écho. Mais, parfois la tempête est à nos portes. Quand les vagues se déchaînent, quand on voit venir le naufrage, certains cherchent qui jeter à l’eau soit en ultime sacrifice, soit pour alléger la barque, soit pour se créer un pont humain jusqu’au rivage ; il y a ceux qui tournent en rond, ceux qui perdent pied avant le naufrage, ceux qui se laissent couler, ceux qui quittent le navire, ceux qui essaient de redresser la barque, ceux qui espèrent un miracle… Je ne sais de quelle trempe vous êtes. On ne le sait soi-même que lorsqu’on est face au péril.
Faudra-t-il affronter, faudra-t-il fuir ? Dans les deux cas, seul un esprit serein peut garder votre tête hors de l’eau. Cet esprit serein se construit bien avant le naufrage. Les situations difficiles ne font pas le caractère, elles le révèlent. Mais si vous attendez les remous avant de chercher votre roc, avant de construire votre fortification, je ne donne pas cher de votre peau.
MM