Vous souvenez-vous de l’enquête en mars 2016 selon laquelle d’après 27% des Français, l’auteur d’un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy ? Une telle justification par une personne sur 4 d’un acte aussi ignoble que le viol donne à réfléchir sur la perception des violences sexuelles et du viol dans la société.
En effet, cette enquête IPSOS révélée par Mémoire traumatique et victimologie sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français révélaient qu’une partie non négligeable de la société adhère toujours aux mythes sur le viol. Ainsi, le consentement allait de soi entre couple marié et certaines relations forcées comme les fellations étaient excluent du champ du viol, pour certaines personnes interrogées.
On peut aussi constater une banalisation de la violence sexuelle surtout chez les jeunes (mais parfois chez des moins jeunes). Cette banalisation se traduit notamment sur les réseaux sociaux par des appels au viol ou des menaces de viol ou encore des blagues de très mauvais goût sur le viol.
Cette culture du viol s’est établi et se renforce si des actions de sensibilisation d’une part et des mesures de durcissement de la pénalisation du viol ne sont pas prises. C’est dans cette optique qu’un avis a été rendu par le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) : « Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles »
Les associations féministes ont beaucoup œuvré dans cette lutte contre la culture du viol. Leur travail y est pour beaucoup dans la reconnaissance du viol conjugal par exemple. On sait que 98,2% des victimes de viol sont des femmes. Ces dernières sont de surcroît souvent rendues responsables de leur propre agression. On comprend donc pourquoi seulement 10% des personnes violées portent plainte.
Une campagne de sensibilisation devrait être lancée pour une condamnation plus ferme du viol dans la société : éduquer les mentalités est une démarche primordiale pour lutter contre une certaine tolérance sociale au viol. Il faudra lutter même au niveau du langage : le banal il/elle s’est fait violé-e suggère une certaine responsabilité de la victime.
Sur le plan judiciaire également, un certain durcissement est préconisé. On sait par exemple que 60% des victimes de viol sont des mineurs. Selon Danielle Bousquet, la présidente du HCE, il est absurde d’imaginer qu’ « un enfant de moins de 13 ans peut avoir un rapport consentant avec un adulte ». Elle propose dans son rapport une présomption d’absence de consentement à une relation sexuelle pour les mineurs de moins de 13 ans.
Par ailleurs, il est préconisé de juger les viols et violences sexuelles en assises malgré l’encombrement des tribunaux et ne pas les faire passer en correctionnelle comme de simples délits.
Ce rapport touche également à la prise en charge médical (sur le plan physique, psychiatrique et psychologique) des victimes de viol qui devraient être complète et totalement gratuite.
Espérons que toutes ces préconisations aient raison de la culture du viol dans notre société.
Élie