Category Archives: Société

27Mar/17

Aux frontières de nos clics

Internet nous abreuve d’informations constamment, que nous soyons à la quête desdites informations ou non. Lors de nos recherches d’informations via tel ou tel moteur de recherche, des suggestions sont proposées pour répondre « au mieux » à notre requête. Les algorithmes doivent alors donner la réponse la plus précise possible avec une certaine impartialité. Cette impartialité dans l’accès aux contenus est primordiale.

En France, la loi essaie de garantir cette impartialité en érigeant en principe la neutralité du net. Par ailleurs, bien des pays se sont pourvus d’un organe d’observation, parfois régulateur, appelé ici CNIL, là CNPD, afin de réguler l’utilisation des données des citoyens, que ce soit par les organismes publics ou par les entreprises privées. L’encadrement de la collecte et de l’utilisation des données est crucial pour défendre l’impartialité des informations délivrées.

En effet, il ne faut pas sous-estimer les informations capitales obtenues sur nous à travers la collecte directe ou indirecte de nos données personnelles. L’on doit ne pas perdre de vue que le moindre clic permet de nous profiler. Une perte de contrôle sur nos données personnelles peut nous nuire. On peut certes prétendre qu’on a rien à craindre de l’usage de nos renseignements car on n’a rien à cacher. Néanmoins, détrompons-nous : la collecte de nos données a des conséquences plus lourdes et des enjeux bien plus colossaux. Il suffit de voir la valorisation des entreprises qui en font le commerce, telle Google, passée première capitalisation boursière dernièrement, pour s’en convaincre.

La marchandisation de nos données est en plein boom depuis la décennie dernière et ne cesse de croître. Elle se fait souvent à notre insu et toujours à nos dépends. Il est vrai que certains moteurs de recherche, comme DuckDuckGo ou Qwant, se sont positionnés avec l’argument de protéger la vie privée. Il n’empêche que ces moteurs collectent également des données pour se financer. La différence avec les autres se trouve dans le fait que la commercialisation de leurs statistiques se fait après une certaine anonymisation des données-utilisateur. Les résultats de nos recherches peuvent y paraître ainsi moins pertinents. C’est le signe qu’une certaine impartialité est assurée par rapport à notre profil.

De plus en plus de sites nous proposent des suggestions qui ne sont pas directement sollicitées par une recherche. Ces offres s’appuient pourtant sur notre historique de navigation, notre profilage. Il est déjà intrusif qu’on nous propose des publicités de chaussures parce que notre dernière recherche était un cordonnier. Mais les limites de l’invasion sont franchies lorsque Internet nous connaît si bien qu’il nous propose des articles d’actualité ne répondant qu’à notre supposé centre d’intérêt, notre supposée appartenance politique, notre idéologie, etc.

Malheureusement, les algorithmes chargés de nous proposer des actualités sur notre Google, notre Yahoo, notre Facebook, s’appuient désormais sur un tel profilage. Ces articles ne font alors que nous conforter dans nos opinions. Ils nous montrent une réalité biaisée des parutions sur internet bien plus diverses.

Nos recherches ne nous présentent que la face du monde que l’algorithme a décidé de nous montrer, basé sur ce qu’il suppose qu’on a envie de voir. D’une certaine façon, il nous est ainsi retirée la possibilité de réfléchir, de débattre, de nous forger une autre opinion sur chaque sujet. Ce système enlève également toute audience à qui voudrait proposer, émettre une nouvelle idée, de nouveaux arguments. Il ferme le débat démocratique, contradictoire ; il enferme l’individu dans un agrégat de semblables ne pouvant que se rencontrer qu’entre eux.

Il est urgent de prendre conscience de notre manipulation par ces algorithmes et leurs suggestions. À défaut de les contraindre à une certaine impartialité, il faut de nous-même varier nos sources d’information, rester curieux et toujours aller chercher l’information, en faire une lecture active et ne pas accepter qu’elle nous soit seulement déversée, comme elle l’était par la télévision du siècle dernier.

Élie

08Mar/17

Tous pour toutes

On met à l’honneur ce 8 Mars la lutte pour les droits des femmes. À en croire certaines réactions, on n’aurait plus le droit de célébrer qui que ce soit. Quand un groupe social très peu représenté est célébré, la réaction des autres est systématiquement de réclamer cette attention pour eux, de souligner leur exclusion, d’essayer de faire culpabiliser ceux qui sont mis à l’honneur.

Il est devenu impossible de mettre l’accent sur les problèmes d’une minorité sans offusquer une partie de la majorité réactionnaire. Ainsi, le 25 novembre, dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes et le 8 mars, consacré à la lutte pour les droits de la femme, certains ne dérogent pas à cette légèreté. Ils affirment qu’il faudrait réclamer des droits pour tous et non pour la femme. Ce serait pour ces individus la preuve ultime de l’égalité entre hommes et femmes. Or, rappelons-le, c’est parce que cette égalité est loin d’être réelle qu’une journée comme le 8 Mars existe. Leur raisonnement emprunte donc soit à la malveillance soit à la naïveté, mais il démontre surtout à quel point la lutte pour l’égalité des droits sera encore longue tant certains peinent à reconnaître la simple raison de ce combat.

Initialement l’idée de la journée des droits de la femme s’était construite pour assurer aux femmes le droit de vote, le droit de décider dans la société, le droit d’avoir une voix qui compte. La journée du droit des femmes continue d’avoir, au delà du droit de vote acquis pour certaines, la mission d’attirer l’attention sur les autres inégalités dont sont victimes les femmes, de construire un monde où les femmes auraient les mêmes droits que les hommes, en théorie et en pratique.

Tous ceux qui s’estiment lésés par cette journée des femmes devraient rejoindre la mission de cette journée. En réalité, cette journée des femmes n’exclut personne. Selon la formule consacrée par l’auteure féministe nigériane Chimamanda Ngozie Adichie, « nous sommes tous des féministes »ou plutôt nous devrions tous être des féministes. Femmes ou hommes, nous sommes tous invités au quotidien à faire de l’égalité homme et femme une réalité dans notre société.

La démarche d’inclure pleinement les hommes à travers l’éducation consacrera le succès de la cause. Cependant, parallèlement à cette implication des hommes, le féminisme doit pouvoir prendre en compte la pluralité des femmes. Lutter pour les droits des femmes, ce n’est pas choisir un idéal féminin à la place des femmes, mais c’est lutter pour que chaque femme ait le droit de faire ses propres choix selon son idéal.

Dina

25Nov/16

Non aux violences faites aux femmes

Le 25 Novembre est la date choisie par l’ONU en 1999 pour la journée de la lutte contre les violences faites aux femmes. Il serait illusoire de penser que ces violences sont loin de nous ou propres à d’autres sociétés. Qu’elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques, chaque société continue d’abriter plus ou moins impunément des sévices contre les femmes.

Une femme sur trois en serait victime. Mais laissons de côté ces chiffres qui font certes froid dans le dos mais qui anonymisent. Tant qu’on peut, sans aller contre leur volonté d’anonymat, nommons ces victimes, donnons des visages à ses victimes afin qu’elles ne subissent pas notre oubli après les coups, le meurtre, le viol, la torture, le harcèlement.

Rappelons-nous de l’Indienne Reshma Qureshi, victime d’attaque à l’acide pour avoir osé dire non. Désormais, elle exhibe fièrement son visage brûlé. Cette année, c’est sur le podium de la Fashion Week de New York qu’entre émotions et mode, elle nous a montrées à toutes que cette attaque n’a pas eu raison de sa beauté, ni de son succès. De quoi redonner la force aux milliers de femmes victimes de ces attaques par an.

Souvenons-nous du regard rêveur d’Aïssatou Sow, 21 ans, morte le 30 octobre dernier à l’hôpital Henri Mondor de Créteil des suites des coups de son ancien compagnon. Jaloux et furieux, celui-ci avait attendu son retour d’une soirée pour battre Aïssatou parce qu’elle ne voulait plus le voir. Une femme sur deux assassinées le serait sous les coups d’un compagnon.

Imaginons qu’on doive apprendre le Karaté, non pour le plaisir mais pour survivre comme les «Karate Grannies ». Ces femmes d’un certain âge au Kenya ont choisi de se défendre contre les viols qu’elles subissent régulièrement parce qu’elles ne seraient pas porteuses du VIH . Désormais, elles savent faire battre en retraite leurs agresseurs en s’entraînant quotidiennement au Karaté

L’idéal reste un monde dans lequel aucune femme n’aura à apprendre à se battre pour se préserver d’éventuelles agressions sexuelles, un monde dans lequel des collants avec des poils rugueux ne devront pas être commercialisés pour repousser tout agresseur sexuel potentiel. Pour le réaliser, un très gros travail de communication et d’éducation s’impose contre la culture du viol. Il est temps d’éduquer femmes comme hommes, filles comme garçons à ne plus être ni acteurs ni vecteurs de ces violences de quelque manière que ce soit. Non aux violences faites aux femmes !

Élie

20Nov/16

Trump président: une success story politique ?

L’histoire ne retient que le gagnant. Mais aujourd’hui, la victoire de Trump retentit encore plus comme la défaite de Clinton, un échec prévisible mais ignoré, tant on refusait de voir qu’une candidate avec une certaine duplicité ne peut pas rassembler.

Si j’étais Trump, je glisserais volontiers un « yes we can » dans mes discours de victoire. L’Amérique de tous les possibles a encore frappé. C’est tout de même 40 ans d’expérience politique qui n’ont pas su faire le poids contre un businessman qui est rentré « fortuitement » dans la politique et a su utiliser le créneau marketing qui lui semblait le plus fructueux pour évoluer : le populisme.

De toutes les parodies Trump-Clinton qui ont défilé, je retiens ce sketch hilarant où les bourdes de Trump sont balayées d’un revers de la main par une animatrice-télé qui revient sans cesse au scandale des mails de Clinton. L’acteur qui joue le rôle de Trump s’y étonne lui-même de ses chances contre Hillary malgré ses nombreuses casseroles. « L’Amérique doit vraiment détester cette femme. » : constate-t-il. Autant dire qu’aucun des deux n’avait réussi à obtenir la totale adhésion de son camp.


Parodie du débat politique US - Saturday Night Live
Parodie US très révélateur de la campagne – Saturday Night Live

Malgré une mobilisation (tardive?) du président sortant et de nombreuses stars, Hillary perd face à un Donald qui ne fait pourtant pas l’unanimité chez les Républicains. Ces derniers jours, Beyoncé en personne expliquait pourquoi il fallait voter pour Clinton. On a cru comprendre que c’est parce qu’elle est une femme et qu’elle serait la première femme présidente (sic). La femme que je suis trouve cette raison absurde et insuffisante. Il aurait fallu rassembler autour d’un idéal. Celui-ci manquait. Chez les démocrates, seul Bernie Sanders avait vraiment réussi à faire rêver.

Quant à Hillary Clinton, alors que cet idéal lui faisait défaut, que de reproches sur sa duplicité ! Ses décisions favorables au Qatar et à l’Arabie Saoudite ne sont passées inaperçues. En creusant, il apparaît que ces pays ont financé la Clinton Global Initiative. Mais ce n’est qu’un détail dans la liste des insuffisances qu’on lui attribuait.

Il n’aura pas suffi d’être une femme, il aurait fallu être du côté des femmes. On lui reproche de payer moins les membres féminins de son équipe que les hommes.

Il n’aura pas suffi d’être démocrate, encore fallait-il le prouver dans son programme. Son programme avait un goût trop libéral pour les démocrates. Elle n’a ainsi pas su rallier au début la jeunesse démocrate qui s’est alors plus reconnue en Bernie Sanders.

Il n’aura pas suffi de citer le rappeur américain Jay-Z , encore aurait-il fallu éviter cet osé « all lives matter » dans une église d’Afro-Américains. D’ailleurs, l’appartenance à certaines organisations aux accointances nazies comme « The Family » n’a pas dû aider avec l’électorat noir.

Il n’aura pas suffi d’avoir une expérience politique, fallait encore que celle-ci soit exempte de reproches. Son expérience s’est retournée contre elle. Son parcours est jalonné de décisions qui apparaissent aujourd’hui aux Américains comme des erreurs. On lui reproche ainsi d’avoir voté pour la guerre en Afghanistan et celle en Irak. Elle a également soutenu la guerre en Lybie. Entre autres, elle s’est engagée pour le Patriot Act, une loi liberticide.

Il n’aura pas suffi de se dire féministe, il aurait fallu toujours dénoncer les violences faites aux femmes. Chose pas évidente quand le persécuteur est son mari. Elle est alors accusée d’avoir couvert l’agression sexuelle faite par son mari.

Il n’aura pas suffi de se montrer plus ouverte que son adversaire. Il fallait profiler cette image d’ouverture de manière plus convaincante. On la soupçonnait de vouloir restreindre l’accès à l’avortement. L’on disait également que malgré son revirement de 2013, elle est restée opposée au mariage homosexuel.

Il n’aura pas suffi de prôner le leadership américain dans le monde avec un interventionnisme plus marqué. Il aurait encore rassuré quant aux relations avec des partenaires stratégiques comme la Russie. Avec Clinton au pouvoir, certains prévoyaient une guerre froide avec la Russie.

Quant au fait de savoir si la victoire de Donald Trump est une success story politique, rendez-vous dans quatre ans à l’heure de son bilan à la tête des États-Unis.

Élie

03Nov/16

Qu’arrivera-t-il le 7 novembre 2016 à 16h34min7,5s ?

Au moment précis où s’affichera 16h34min7,5s sur nos montres, ce 7 novembre, mesdames, selon des comparaisons salariales savamment effectuées, en prenant notamment en compte « la différence moyenne de rémunération horaire brute entre les travailleurs de sexe féminin et masculin », notre travail serait considéré comme étant non-rémunéré.

Dans la mesure où les femmes gagnent en moyenne 15,1% de moins que les hommes pour les mêmes postes, ce serait le moment précis de l’année où leur travail rémunéré prendrait fin s’il y avait une égalité salariale. Le reste du travail effectué à partir de cet instant serait donc du « bénévolat ». En tout cas, c’est ce qu’estiment Les Glorieuses qui ont initié ainsi un mouvement « les françaises veulent l’égalité ».

À l’instar des Islandaises qui ont manifesté le 24 Octobre dernier en quittant leur lieu de travail à 14h38, ce mouvement pour la parité salariale en France invite les Françaises à les rejoindre pour lancer un appel fort aux politiques et à la société.

En filigrane de ce mouvement, s’inscrit un rapport de l’American Association of University Women selon lequel l’égalité salariale ne deviendrait réelle qu’en 2186. En d’autres termes, plus d’un siècle et demi d’inégalités seraient encore endurées si cette cause une n’était pas mieux servie.

Élie

27Oct/16

La conduite devient superflue

Depuis un bon moment, les constructeurs de voitures ne cessent d’innover dans le domaine des aides à la conduite. Cela fait longtemps que Ford nous avait proposé son park-assist, en 2009, à grand renfort de publicité. En 2003 déjà, Toyota équipait son modèle haut de gamme hybride d’un assistant au parking. Finis les créneaux à s’y reprendre trois fois !

Alors que la quasi-totalité des acteurs du marché généralise les aides à la conduite pour les particuliers, certains constructeurs ainsi que de nouveaux acteurs se sont lancés dans une course à la conduite autonome complète : Volvo, Tesla, Google, Uber (par le biais de sa filiale OTTO). C’est une aventure qui n’a pas été sans quelques déboires. Volvo a été la risée des journalistes après un essai raté ; Tesla s’est battu pour éviter le bad-buzz du premier mort directement lié à la conduite automatique…

un prototype de voiture autonome Volvo rate son freinage derrière un camion en stationnement, en pleine démonstration devant les journalistes
La démonstration a tourné à l’Epic Fail

En général, les constructeurs de voitures cherchent essentiellement à simplifier, sécuriser, fiabiliser la conduite. L’ambition des nouveaux acteurs est néanmoins plus grande : ils sont surtout motivés par la suppression de la présence humaine dans l’acte de conduite. Alors que Google y travaille depuis plusieurs années, avec une approche citadine, la vision de Uber semble être axée autant sur le commercial que l’exploit. En effet, l’entreprise de services de transport veut s’illustrer dans des domaines lucratifs comme la livraison urbaine, le remplacement des taxis et les livraisons longue distance par la route.

Dans son sillage, Renault qui ambitionne de rattraper VW et Toyota (L’automobile, toujours plus connectée), cherche des leviers de croissance, notamment, en proposant à Singapour des taxis autonomes avec sa Zoé électrique, en partenariat avec nuTonomy. De plus, l’arrivée de Carlos Ghosn à la tête de Mitsubishi va lui permettre de récupérer l’expérience de la i-miev, autre voiture intelligente.

La rapidité avec laquelle les avancées sont annoncées à la presse pousse à une certaine concurrence. Le placement stratégique fluctue beaucoup, à l’image du groupe Apple qui s’était lancé aussi dans la course. Chez Apple, on imaginait concevoir une voiture autonome ; hélas, depuis cet été le projet Titan est dissous, transformé en services tiers avec reclassement de ses effectifs dans les autres projets en cours.

Le marché des véhicules autonomes est à surveiller au plus haut point pour des raisons diverses : économique, sociologique, sécurité voire éthique. En effet, pour obtenir la faveur du public, les arguments marketing ne manquent pas. L’exploit technologique suit-il réellement l’engouement suscité ?

Ainsi, cet Automne 2016, Uber nous a fait la démonstration d’une livraison d’une cargaison de bière d’une marque très populaire aux états-unis, sur 200km. D’après l’entreprise américaine, la conduite autonome de leurs camions serait motivée (uniquement) par une amélioration des conditions de travail du chauffeur-livreur. Soit ! N’oublions cependant pas que l’annonce du parcours spectaculaire de leur camion de livraisons a été suivie de celle de la mise en ligne d’un nouveau site visant à recruter des chauffeurs-livreurs particuliers.

Une livraison de bière en guise de démonstration

Renault/nuTonomy, eux, prétendent que les taxis autonomes seront deux fois plus efficaces que les chauffeurs de taxi. Ils pourraient réduire de moitié la circulation des taxis dans la ville de Singapour grâce à leur système. Sachez que cette ville-état détient le record mondial du nombre de taxis par habitant, car elle tente de maîtriser le nombre de véhicules personnels en circulation. En l’occurrence, on parle de pas moins de dix mille chauffeurs de taxis. Que deviendraient les emplois menacés par cette autonomisation des taxis?

L’enthousiasme industriel et économique que suscite le véhicule autonome est trop important pour juger cette technologie anecdotique. Qu’on ne s’y trompe pas : les arguments publicitaires nous cachent le réel changement que cela pourrait provoquer dans nos sociétés. On peut classer cette révolution technologique au même rang que la mécanisation des usines du XIXème siècle (Germinal – Émile Zola), que l’avènement de la production en série au début du XXème siècle (Les temps modernes – Charlie Chaplin) et que l’informatisation généralisée des dernières trente années. Ces révolutions économiques ont débouché sur des drames sociétaux. il a alors fallu une reconversion de l’économie pour trouver de nouveaux leviers de croissance afin de subvenir aux besoins de chacun.

Aussi, devrait-on s’interroger sur la disparition du métier de chauffeur. Les postes d’ingénieurs et de techniciens nécessaires pour élaborer et entretenir cette technologie pourraient-ils compenser progressivement ? L’avenir nous dira quelle direction prendra la mutation de la société qui devra fournir de nouveaux emplois à ses chauffeurs. Par le passé, la croissance économique avait été à chaque fois la voie suivie pour palier aux changements. Qu’en serait-il dorénavant avec une planète saturée par nos activités ? Il n’est toutefois pas à exclure que cette technologie fasse un flop et soit enterrée comme d’autres (avions commerciaux supersoniques, navettes spatiales, écrans TV 3D, …).

Will Smith sort de sa voiture autonome – I, Robot (2004)

Autre questionnement : où sera la responsabilité en cas d’accident ? le propriétaire ? le constructeur ? La législation reste imprécise. Il est intéressant d’ailleurs sur ce point de voir Tesla se laver les mains en gardant son « autopilot » en version dite « bêta » (c’est-à-dire en cours de développement) pour se dégager de toute responsabilité sur le propriétaire qui a accepté d’enclencher le système. Tesla a d’ailleurs été attaqué sur ce principe par l’état fédéral allemand (ainsi que par d’autres associations). Il est alors rappelé que le propriétaire du véhicule reste responsable et donc doit rester aux commandes.

Concrètement, pouvons-nous concevoir de nous faire conduire par des machines ?
Pour anecdote, l’auteur Isaac Asimov imaginait déjà il y a 70 ans l’avènement des voitures autonomes, tel qu’on l’a revu dans le film «I, Robot» tiré de ses écrits. Il imaginait aussi et surtout le bouleversement que cela allait avoir pour nos sociétés. Ces machines rouleraient à toute allure, trop parfaites pour garder une quelconque marge de sécurité.

Cette technologie serait plus qu’une évolution de l’automobile. Avant de nous y soumettre, il faudra qu’on se pose suffisamment de questions sur son empreinte dans nos vies.

Élie

11Oct/16

Journée internationale de la fille

Ce 11 Octobre 2016 est la journée internationale de la fille : une journée consacrée à mettre l’accent sur les droits des filles à travers le monde, spécialement leur santé, leur sécurité et leur éducation. Le progrès des filles équivaut au progrès des objectifs de développement durable : tel est le thème mis à l’honneur cette année. Il s’agit d’identifier concrètement les besoins des filles dans chaque région du monde afin de se donner des objectifs concrets pour y remédier.

« Investir dans les filles est à la fois la bonne chose à faire et une idée intelligente. Cet investissement a un puissant effet d’entraînement dans tous les domaines du développement et ses bienfaits se répercuteront jusqu’aux générations futures. » — Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU

L’éducation

La scolarisation des filles est un enjeu crucial pour leur propre avenir, leur autonomie mais aussi pour le progrès de la société.

Mais les embûches à cette instruction sont variées et se renouvellent sans cesse. Récemment encore, on a vu naître la volonté en Égypte d’instaurer un test de virginité à l’entrée de l’université pour les filles. Une telle initiative aurait pour résultat d’accentuer l’égalité d’accès à l’enseignement supérieur.

Pour ceux qui se demanderaient pourquoi la journée des droits de la femme n’est pas suffisante, il est important de préciser que les inégalités entre l’homme et la femme commencent dès la petite enfance. Selon les données de l’UNESCO, « la majorité des enfants non scolarisés et deux-tiers des adultes analphabètes sont de sexe féminin. Les femmes et les filles constituent ainsi la catégorie la plus importante de personnes privées de possibilités pleines et égales d’éducation. »

Il faut certes continuer à sensibiliser les filles à l’importance de poursuivre l’école ; mais il faut aussi donner les moyens aux familles de soutenir la scolarisation des filles, surtout dans les pays pauvres, en rendant notamment l’école gratuite.

Par ailleurs, que ce soit dans les pays pauvres ou les pays riches, il y a toujours le travers de pousser d’une certaine manière les garçons vers des filières scientifiques et de cantonner les filles à certaines filières. Ces inégalités entre les genres à l’école constituent un départ aux inégalités à l’embauche, à l’emploi, à l’évolution dans les carrières etc.

On apprend par exemple une diminution du nombre de femmes déjà restreint dans les filières informatiques. Pourtant, à une certaine époque, l’informatique était dévolue aux femmes car c’était un métier dérivé des commutateurs et des standards téléphoniques. Alors que c’était un métier ingrat, les femmes y avaient accès en masse mais beaucoup moins maintenant que c’est devenu une science entière. Cette égalité des genres devra beaucoup se faire en donnant un accès égal aux garçons et aux filles aux nouvelles technologies et en insistant sur une orientation non liée au sexe.

La santé et la sécurité

Les violences faites aux filles sont diverses et variées selon les cultures et les pays. Chaque région doit donc avoir ses objectifs bien définis pour y remédier.

La lutte contre l’excision par exemple reste un enjeu de santé majeur pour les jeunes filles surtout dans certains pays où cette pratique est profondément ancrée. Si les pays touchés se sont dotés peu à peu d’une législation interdisant ces pratiques, l’effort de toucher les mentalités doit être maintenu, car lui seul viendra à bout de l’excision.

Le mariage précoce et forcé est un autre champ de bataille où l’opération principale doit être le changement des mœurs. Expliquer aux familles l’importance de laisser leurs filles continuer leur scolarité et choisir plus tard de se marier ou pas nécessite un grand investissement en actions de sensibilisation. La pénalisation n’aurait qu’une portée limitée.

Partout dans le monde, les filles sont les premières victimes des violences sexuelles et des viols. En France, par exemple, selon les chiffres mis en lumière la semaine dernière, 98,2% des victimes de viol sont des femmes et 60% de ses victimes sont des mineurs.

Selon les pays, les objectifs de santé, d’éducation et de sécurité des jeunes filles ne sont pas les mêmes. Mais partout dans le monde, ce besoin d’investir dans les jeunes filles se fait sentir. Cette journée a pour but d’attirer l’attention et d’appeler les acteurs gouvernementaux ou non gouvernementaux à mettre des moyens financiers et surtout à initier des actions ciblées pour garantir la santé, la sécurité et l’éducation des jeunes filles.

Élie

06Oct/16

Contre la culture du viol

Vous souvenez-vous de l’enquête en mars 2016 selon laquelle d’après 27% des Français, l’auteur d’un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy ? Une telle justification par une personne sur 4 d’un acte aussi ignoble que le viol donne à réfléchir sur la perception des violences sexuelles et du viol dans la société.

En effet, cette enquête IPSOS révélée par Mémoire traumatique et victimologie sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français révélaient qu’une partie non négligeable de la société adhère toujours aux mythes sur le viol. Ainsi, le consentement allait de soi entre couple marié et certaines relations forcées comme les fellations étaient excluent du champ du viol, pour certaines personnes interrogées.

On peut aussi constater une banalisation de la violence sexuelle surtout chez les jeunes (mais parfois chez des moins jeunes). Cette banalisation se traduit notamment sur les réseaux sociaux par des appels au viol ou des menaces de viol ou encore des blagues de très mauvais goût sur le viol.

Cette culture du viol s’est établi et se renforce si des actions de sensibilisation d’une part et des mesures de durcissement de la pénalisation du viol ne sont pas prises. C’est dans cette optique qu’un avis a été rendu par le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) : « Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles »

Le mouvement féministe Slutwalk, né au Canada, défilant à Paris - crédit photo: Christophe Petit Tesson
Manifestation du mouvement de lutte féministe slutwalk, en lutte contre la banalisation des viols.

Les associations féministes ont beaucoup œuvré dans cette lutte contre la culture du viol. Leur travail y est pour beaucoup dans la reconnaissance du viol conjugal par exemple. On sait que 98,2% des victimes de viol sont des femmes. Ces dernières sont de surcroît souvent rendues responsables de leur propre agression. On comprend donc pourquoi seulement 10% des personnes violées portent plainte.

Une campagne de sensibilisation devrait être lancée pour une condamnation plus ferme du viol dans la société : éduquer les mentalités est une démarche primordiale pour lutter contre une certaine tolérance sociale au viol. Il faudra lutter même au niveau du langage : le banal il/elle s’est fait violé-e suggère une certaine responsabilité de la victime.

Danielle Bousquet, devant les micros pour présenter le rapport du HCE

Sur le plan judiciaire également, un certain durcissement est préconisé. On sait par exemple que 60% des victimes de viol sont des mineurs. Selon Danielle Bousquet, la présidente du HCE, il est absurde d’imaginer qu’ « un enfant de moins de 13 ans peut avoir un rapport consentant avec un adulte ». Elle propose dans son rapport une présomption d’absence de consentement à une relation sexuelle pour les mineurs de moins de 13 ans.

Par ailleurs, il est préconisé de juger les viols et violences sexuelles en assises malgré l’encombrement des tribunaux et ne pas les faire passer en correctionnelle comme de simples délits.

Ce rapport touche également à la prise en charge médical (sur le plan physique, psychiatrique et psychologique) des victimes de viol qui devraient être complète et totalement gratuite.

Espérons que toutes ces préconisations aient raison de la culture du viol dans notre société.

Élie

05Oct/16

Les enseignants à l’honneur

Ce 5 Octobre 2016, nous célébrons la journée mondiale des enseignants. Le thème cette année est libellé comme suit « valorisons les enseignants, améliorons leur statut professionnel ».

En effet, c’est le cinquantième anniversaire de l’adoption de la recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de 1966. Les conditions de travail et les traitements liés au statut d’enseignant restent disparates à travers le monde : salaire, retraite etc.

Selon H.G. Wells : « L’histoire de l’humanité devient de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe ». L’enseignant est le porteur de cette éducation nécessaire pour éviter la catastrophe. Son rôle est ainsi crucial et sa valeur, à cet effet, est inestimable.

Il est vrai que pour certains l’éducation est l’apanage des parents et l’école reste investie uniquement de l’instruction. Quoiqu’il en soit, l’enseignant reste un porteur essentiel du savoir et un agent de l’éveil de son élève. Au delà du fait d’apporter la connaissance, il inspire ses élèves et les aide à se construire.

Être pluridisciplinaire. Crédit Photo: S. Mahinsha

Pour être apte à cette fonction, l’enseignant doit lui-même être bien formé, bien comprendre les missions qui lui sont dévolues et être rétribué convenablement. En somme, les systèmes nationaux doivent lui donner les moyens de remplir cette mission d’éducation. Or, le travail des enseignants est souvent mal payé. C’est sur cet aspect des choses que l’institution onusienne veut attirer l’attention des États en ce jour de célébration des États.

Tout en travaillant sur cette valorisation des enseignants, il est à déplorer que certains objectifs fixés par le passé ne sont toujours pas atteints. En effet, l’équilibre entre hommes et femmes dans l’éducation devrait être atteinte depuis 2015. En 2016, il est à déplorer que ce n’est toujours pas le cas. En marge donc de la valorisation de l’enseignant, il est important de rappeler qu’il faut continuer à porter l’accent sur l’égalité des genres dans l’éducation nationale.

L’équilibre des genres aurait son impact sur la scolarisation des filles. En effet, selon l’UNESCO, l’équilibre entre les sexes au sein du personnel serait essentiel : « les pays dont le nombre d’enseignants du primaire de sexe féminin est plus élevé ont plus de chances de présenter des taux de scolarisation des filles plus élevés dans le secondaire. » Ce qui fait de l’égalité des sexes un point de travail essentiel à poursuivre dans l’éducation mondiale.

Élie

30Sep/16

L’internet pour tous et la loi numérique

Depuis 2012, l’accès à internet est un droit fondamental reconnu par l’ONU. Faisant écho à cette reconnaissance de l’ONU, le patron de Facebook a conçu l’idée ô combien altruiste de connecter à internet les deux-tiers de la planète qui ne le sont pas. Mark Zuckenberg a ainsi écrit en août 2013 un célèbre article intitulé « la connectivité est un droit de l’Homme ».

Est né de cette volonté un ambitieux projet ralliant quelques géants des nouvelles technologies dont Nokia (sans surprise puisque son slogan a toujours été : « connecting people»), Ericsson, Opera, Mediatek, Samsung, Qualcomm… autour de internet.org : «Everyone of us. Everywhere. Connected.».

Concrètement, Internet.org est un partenariat mondial, mis sur pied afin de favoriser l’accès à un ensemble de services internet dans les pays en développement où une partie de la population n’a pas les moyens de se connecter. Par le biais de l’application Internet.org, certains services de base sont offerts comme la santé, l’emploi, etc.

Halte aux pisse-vinaigre qui ne verraient dans ce projet qu’une subtile démarche de la part des géants du web pour agrandir leurs parts de marché. Allez, soyons réalistes, il y a un peu de ça. Disons plutôt, un peu trop de ça, surtout dans l’exécution! Cependant, le problème de l’accès à internet dans les pays en développement est réel. Cette ressource est une denrée rare et chère. Dans les pays développés, on dépense moins de 5% du salaire mensuel moyen pour l’accès à internet alors que dans les pays en développement, il faut en moyenne autour 30% du salaire mensuel moyen pour se connecter.

Une autre organisation, regroupant des acteurs du privé et des acteurs du public, entend également réduire cette fracture numérique : il s’agit d’A4AI (Alliance For an Affordable Internet). Elle a pour mission d’encourager l’essor du haut-débit à un prix abordable. Le fait qu’A4AI ait été porté par des géants du net (comme Yahoo ou encore, tout récemment, Google) ne laisse aussi personne dupe sur les finalités. Ces finalités ne devraient toutefois rien enlever à la noblesse de la cause.

Selon Tim Unwin, secrétaire général de l’Organisation des télécommunications du Commonwealth : « Dans un monde où le partage de l’information et les communications sont de plus en plus dirigés par Internet, il est crucial que chacun puisse y avoir accès à des prix abordables. L’expansion rapide de tout type de TIC entraîne cependant des inégalités toujours plus grandes dans le monde, c’est pourquoi la création de l’Alliance en faveur d’un Internet abordable est importante et arrive à un moment crucial. En travaillant ensemble dans le cadre d’un partenariat soigneusement constitué, nous pouvons tenter de rééquilibrer ces inégalités et de transformer la rhétorique en réalité. »

Aujourd’hui, l’idée d’internet comme un droit fondamental a beaucoup percé non seulement auprès des acteurs du net ayant un certain profit à soutenir cette cause mais aussi auprès des gouvernements. Réduire la question de la fracture numérique entre les pauvres et les riches est un enjeu de développement majeur.

Le projet de loi numérique approuvé le 28 septembre 2016 par le sénat semble faire écho de cette idée d’accessibilité pour tous. La différence entre la mise en œuvre du législateur et les projets mis en œuvre par les géants du net est l’affirmation du principe de neutralité du net.

En effet, dans sa mise en application de l’internet pour tous, Facebook privilégie l’accès à certains services bien ciblés comme Wikipedia, la météo, Facebook etc. Cette offre internet basique a déjà connu un certain succès dans pas moins de 35 pays émergents. En Inde, Free Basics, le résultat d’un accord entre Facebook et des opérateurs du pays pour procurer Internet aux plus démunis portait sérieusement atteinte à ce principe de neutralité. Il donnait lieu à des tarifs différenciés selon les services du net offerts. L’autorité de régulation indienne (TRAI) y a mis le holà dès février 2016 en affirmant que «Tout ce qui est sur Internet est indépendant par essence et ne peut être facturé de manière différente.»

Il y a effectivement un paradoxe dans le fait de vouloir rendre internet accessible à tous en enfreignant le principe de neutralité. Rappelons que ce principe garantit l’égalité de traitement de tous les flux de données quel qu’en soit le contenu, la source ou la destination.

En France, la loi numérique porte clairement cette idée d’un internet ouvert, accessible par le plus grand nombre mais énonce aussi ce principe de neutralité, désormais sous le contrôle de l’ARCEP.

Par ailleurs, internet doit désormais au même titre que l’eau, l’électricité, la fourniture d’énergie et le téléphone être maintenu en cas d’impayés jusqu’à ce que le fonds d’aide au logement prenne sa décision concernant la demande d’aide de la personne en difficulté. L’article L115-3 du code de l’action sociale et des familles a été modifiée de sorte que le service d’accès à internet (même restreint) figure auprès des autres services vitaux maintenus, une reconnaissance indubitable d’internet comme droit fondamental.

MM

28Sep/16

Quelques droits consacrés par la loi numérique

Le projet de loi pour une République numérique a été examiné et est adopté aujourd’hui devant le sénat. Même si ce projet de loi n’est pas une révolution mais en grande partie une transposition dans l’ordre national de droits reconnus au niveau européen, cette loi marquera la consécration de dispositions nécessaires à une bonne régulation de la société numérique.

On sait que la régulation d’une société numérique va au-delà du législateur. Il nécessite également une volonté, un engagement des grandes figures du numérique, surtout dans une sphère internationale et virtuelle. Certes les fournisseurs d’accès internet, par exemple, sont sous le contrôle de l’ARCEP qui s’assurera de la bonne tenue de leurs obligations et du respect des principes régissant leur domaine. Mais s’agissant de la protection des données personnelles, quelles moyens de coercition soumettront les grandes figures telles que les GAFA aux normes nationales, les sanctions pécuniaires de la CNIL ?

Basiquement, par cette loi, le législateur essaie de jouer sa partition. Cependant, une part prépondérante de cette régulation appartient aux acteurs du numérique incluant notamment les simples utilisateurs que nous sommes. Chacun de nous devient d’une certaine manière un acteur de l’internet. La régulation du net passera par l’éducation massive des utilisateurs, d’une part, responsables de leurs publications et d’autre part, ayant leur voix au chapitre face aux méthodes des grandes entreprises du net. C’est sûrement dans cet esprit que cette loi a inauguré une forme de consultation citoyenne inédite. En effet, rappelons que 21 330 citoyens ont co-écrit ce projet de loi. Si les propositions citoyennes ont fait l’objet de nombre d’amendements, le résultat final revêt l’étoffe d’un compromis démocratique.

De multiples aspects de la société numérique y sont abordés :

L’accessibilité des données publiques

We are open

Dans l’article 1er, est consacré un droit à l’open data. Les données publiques doivent être librement et gratuitement accessibles. L’objectif visé par le législateur est d’« élargir massivement les obligations de diffusion spontanée de documents et données des organismes publics ».

Le contrôle de ses données personnelles

La loi prévoit que « toute personne dispose du droit de décider et de contrôler les usages qui sont faits des données à caractère personnel la concernant. »

L’utilisateur moyen a-t-il vraiment conscience de la collecte de ses données ? Même quand on en a conscience, maîtrise-t-on vraiment comment elle est faite et a-t-on le choix des destinataires et des usages ?
Quand on sait que ce qui est publié sur Facebook devient propriété du site*, on s’interroge sur la portée d’une telle disposition ? *selon les conditions d’utilisation du site, celles-là même qu’on accepte souvent sans lire !

Le droit à l’oubli numérique des mineurs

La présence des mineurs sur le réseau laisse des données qu'ils doivent être libres d'assumer ou pas plus tard.

L’article 19 de la loi numérique dispose que « le responsable du traitement est tenu d’effacer dans les meilleurs délais les données à caractère personnel qui ont été collectées dans le cadre de l’offre de services de la société de l’information lorsque la personne concernée était mineure au moment de la collecte. »

En effet, le droit à l’oubli numérique, c’est le droit pour une personne d’obtenir que les informations à son sujet mises en ligne soient effacées après un moment du cyberespace, une sorte de réhabilitation de sa réputation sur le net. Ce droit s’affiche en général comme une arme contre le traçage, la diffamation…

Souvent actifs de manière précoce et pas forcément conscients des enjeux de leurs publications, les mineurs sont protéger d’eux-mêmes et des autres par ce droit dont le législateur définit précisément les modalités d’exercice.

La mort numérique

Notre identité numérique perdure après notre mort

Que deviendront nos mails, profils Facebook, nos données en général après notre mort ?
Certains réseaux sociaux nous permettent de décider dans leurs paramètres de cette question. Le testament numérique établi par cette nouvelle loi nous permet de disposer de ce qu’il adviendra de l’ensemble de nos données après notre mort. En l’absence de telles dispositions, les héritiers ont le droit de modifier ou de supprimer nos données après notre mort.

La consécration de la neutralité du net

La neutralité du Net est un principe devant garantir l’égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Les discriminations liées à quelque facteur que ce soit (contenu, source, destination) sont alors considérées comme illégitimes. L’ARCEP sera le gardien de cette neutralité en sanctionnant les opérateurs qui l’entraveront.

Le délit d’entrave numérique à l’IVG

Le fait de transmettre « par tout moyen, notamment par des moyens de communication au public par voie électronique ou de communication au public en ligne, des allégations, indications ou présentations faussées et de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur la nature, les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse ou à exercer des pressions psychologiques sur les femmes s’informant sur une interruption volontaire de grossesse ou sur l’entourage de ces dernières. » ( art L. 2223-2 du code de la santé publique) est puni de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.

Élie

18Mar/15

Quand les femmes d’In-Salah s’élèvent contre l’exploitation du gaz de schiste

Ce mois de mars permet de mettre en lumière les actions politiques, sociales et économiques des femmes. Avant et après la journée des droits de la femme, les projecteurs sont mis sur les femmes d’exception ou les alarmes sur les situations déplorables des femmes à travers le monde entier. De tout ce qui a été écrit sur les femmes ces derniers jours, le combat des femmes d’In-Salah contre l’exploitation du gaz de schiste dans leur région retient particulièrement l’attention.

Cette année, rappelons-le, est significative pour les questions environnementales : les différentes démarches de l’ONU auprès des États devraient aboutir à un accord international prévoyant entre autres de faire cesser le déboisement des forêts tropicales, améliorer la production alimentaire et voir passer à 30% le nombre de véhicules électriques en 2030.

Manifestation des femmes d'In-Salah contre la fracturation hydraulique - 2 Février 2015
Manifestation des femmes d’In-Salah contre la fracturation hydraulique – 2 Février 2015

Loin des conférences internationales mobilisant les grands de ce monde, certaines femmes algériennes sont préoccupées par les questions environnementales que pose l’exploitation du gaz de schiste par leur gouvernement et une entreprise américaine. Elles ont initié un sit-in et des marches depuis quelques mois pour manifester leur opposition à l’exploitation du gaz de schiste dans leurs contrées à cause des risques environnementaux.

En fait, le gaz de schiste, gaz naturel qui n’est autre que du méthane ne constitue pas en lui-même un risque pour l’environnement. Ce sont les techniques d’extraction de cette source d’énergie qui font polémique. Certes, elles ont évolué et surtout il n’est plus question de bombes nucléaires qui rendaient finalement le gaz radioactif.

De nos jours, il est question d’injecter sous pression de l’eau dans la roche mère où le gaz est resté. Cette technique appelée fracturation hydraulique suscite quelques inquiétudes : les dégâts causés à la nappe phréatique sont considérables. C’est en raison de ces dommages difficilement remédiables sur l’environnement qu’une loi a été votée depuis 2011 en France pour interdire la fracturation hydraulique. La France regorge pourtant de gisements de ce gaz.

Manifestation des femmes à Alger contre la fracturation hydraulique - 24 Février 2015
Les manifestations gagnent la capitale – 24 Février 2015

Les actions de contestation des femmes d’In-Salah en Algérie nous renvoient à une question majeure : comment envisager une telle exploitation dans des régions où l’accès à l’eau est déjà critique ? Il faut généralement une longue période pour que les dégâts liés à la fracturation disparaissent. En effet, la durée de renouvellement d’un aquifère saharien est estimée à 70 000 ans. Est-ce qu’avoir de l’énergie à court terme aurait occulté toute faculté de relever l’importance de l’eau pour la santé ou tout simplement pour la vie ?

Comme le gaz compact, le gaz de houille et l’hydrate de gaz, le gaz de schiste représente une source providentielle d’énergie face à l’épuisement des stocks pétroliers de part le monde. Néanmoins, il reste encore à développer un procédé d’extraction qui permette d’en bénéficier sans mettre en péril la nappe phréatique. Après le nucléaire, on ne peut plus se permettre de sauter sur une source d’énergie sans peser le pour et le contre de manière approfondie.

Elie

28Nov/14

Toutes nos célébrations seraient-elles devenues commerciales ?

Aujourd’hui, c’est le « Black Friday », autrement dit le vendredi noir : les grandes enseignes se débarrassent de leurs stocks en faisant des rabais énormes (jusqu’à 85%). Il aurait été judicieux de préciser que c’est une pratique outre-atlantique : en effet, il s’agit du vendredi suivant la fameuse célébration de Thanksgiving aux USA.

Cette précision judicieuse n’est plus si utile. En effet, que d’enseignes n’ont prévu des opérations similaires en France ce week-end. Pas seulement les enseignes américaines comme Amazon qui prévoient des réductions jusqu’au lundi, il y a aussi des enseignes comme Boulanger, Auchan… Toutes les occasions sont bonnes pour vendre, n’est-ce pas ? La saint-Valentin, Pâques, la fête des mères etc.

Mister Bean dans une scène avec la dinde de Thanksgiving sur la tête.
Mr Bean fête Thanksgiving

Thanksgiving a peut-être du mal à s’exporter aux quatre coins du monde mais les entreprises ne comptent visiblement pas renoncer aux opérations commerciales suivant cette fête. Célébrée le quatrième jeudi aux USA(après la moisson), cette commémoration était d’abord pour remercier Dieu pour les grâces de l’année. Aujourd’hui, Thanksgiving est une fête laïque qui débouche sur le « Black Friday » où les magasins sont noirs de monde et offrent des réductions à leurs clients.

On connaît l’origine religieuse, traditionnelle ou historique des fêtes qui rythment notre année civile ; mais l’influence commerciale prend de plus en plus le pas sur le sens de ces célébrations.
On a beau dire qu’Halloween est une coutume celtique donc européenne à la base. Ce serait tout de même mépriser la réalité de ne pas reconnaître que dans sa version actuelle, il s’agit plutôt d’une pratique made in USA, exportée en Europe pour des raisons bien plus lucratives que culturelles.

Par ailleurs, Noël dans sa version moderne tient davantage de Coca-Cola que de la Bible. J’espère ne choquer personne en disant que le père Noël n’existe pas : C’est à titre publicitaire que cette légende du 18è siècle a été reprise par Coca-cola en 1930. Depuis, pas de Noël sans « petit papa Noël ». Parmi tous ceux qui célèbrent Noël, quelle est la proportion de gens qui fêtent encore réellement la naissance du Christ ?

Ce week-end, ne vous étonnez pas de voir des promotions sur les sites internet ou encore de vos différents magasins : le commerce est devenu un vecteur considérable de traditions. Mais prenez garde aux fausses réductions, ne soyez pas les dindons de la farce !

Elie

27Oct/14

L’action de groupe : la nouvelle arme des consommateurs français.

Un nouvel article L423-1 et suivants du code de la consommation prévoit une action collective en France. Les consommateurs ont ainsi la possibilité d’agir collectivement pour obtenir la réparation économique des préjudices personnels.

Ce fameux dispositif issu de la loi relative à la consommation en date du 17 mars 2014 est entré en vigueur début octobre après son décret d’application du 26 septembre 2014. C’est par les associations de consommateurs agrées que les consommateurs pourront exercer cette nouvelle action. Les 15 associations de consommation agrées françaises (Voir la liste des associations de consommateurs) ont dorénavant le droit d’ester en justice contre une pratique illégale d’une entreprise et d’obtenir des réparations pour l’ensemble des consommateurs victimes.

Logo de l'association UFC-Que-Choisir

Dès l’entrée en vigueur de cette loi le 1er octobre 2014, l’association de consommateurs UFC-Que-choisir a annoncé une action contre FONCIA. Le groupe aurait indûment facturé à plus de 300 000 clients un service d’avis d’échéance à 2,30 euros par mois pendant un certain temps. Les clients, voulant se joindre à l’action, devront garder tous les justificatifs nécessaires, notamment les factures de FONCIA, pour être indemnisés.

Tandis que certains louent cette avancée du droit de la consommation, d’autres mettent en avant la timidité de cette loi censée révolutionner le droit de la consommation en France. En effet, on est bien loin de la fameuse class action des Etats-Unis. Ce n’est pas la terrible arme de dissuasion escomptée mais plutôt une arme de réparation massive des litiges du quotidien.

Tout d’abord, seules les associations de consommateurs peuvent lancer la class action contrairement aux USA où les avocats lancent directement les actions et font une publicité active pour constituer le groupe lésé. En France, les avocats ne sont pas autorisés à faire de la publicité, ce qui aurait rendu insensé un dispositif copié sur les Etats-Unis. Le législateur français aurait fait ce choix pour éviter qu’un gros pourcentage de la réparation ne revienne à l’avocat, comme aux USA.

Devanture d'une agence Foncia
Devanture d’une agence Foncia

Ensuite, la class action française concerne les litiges du quotidien en droit de la concurrence et de la consommation avec un préjudice matériel à l’exclusion des domaines de la santé et de l’environnement. Le préjudice moral n’est pas pris en compte par l’action de groupe.

Seul le préjudice réellement subi sera indemnisé et il ne sera pas question de dommages et intérêts punitifs. Ces derniers sont définis comme des dédommagements, qui excèdent le préjudice subi, alloués par le tribunal à la victime afin de punir le comportement fautif de l’auteur du dommage, et non d’indemniser uniquement la victime. En France, la notion de dommages et intérêts punitifs n’est pas concrétisée dans le droit positif.

Aux USA, la perspective de payer des sommes colossales incluant les dommages et intérêts punitifs rend plus dissuasive la class action. Cela a été récemment le cas de Red Bull. Accusée de publicité mensongère au motif que leurs boissons énergisantes ne seraient pas plus efficaces que la caféine et ne donneraient donc pas des ailes, la firme a préféré transiger face à la lourdeur d’un procès et à ses conséquences dommageables pour la renommée de la marque. La société a donc accordé à tout consommateur états-unien entre 2002 et octobre 2014 une indemnité de 10 dollars ou un coupon d’achat de 15 dollars en produits de la marque.

Que ce soit outre–Atlantique ou en France, les actions de groupe peuvent contraindre les entreprises à mieux respecter le droit de la consommation dans la mesure où leur image peut sévèrement en pâtir.

Élie

25Sep/14

Tous contre le changement climatique ?

En matière d’environnement, tout le monde ou presque s’accorde sur le bien–fondé de la cause alors qu’une action déterminée et concertée reste hésitante.

portrait de Madame Mary Robinson
Madame Mary Robinson, Envoyée spéciale de l’ONU pour les changements climatiques (Photo ONU/Paulo Filgueiras)

Ce mardi 23 septembre 2014, un sommet de l’ONU contre le changement climatique s’est déroulé à New York en présence des chefs d’Etat et de gouvernement. En Août 2014 déjà, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, avait annoncé la nomination de Mary Robinson comme Envoyée spéciale pour les changements climatiques. Sa mission auprès des gouvernements du monde entier consiste à mobiliser la volonté et l’action politiques et à élever les ambitions à l’approche du Sommet 2014.

En marge de ce sommet, une volonté d’agir transparait sous diverses formes lors des manifestations contre le changement climatique : le maire de New York par exemple promet une réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre dans sa ville en 2050. Il est vrai que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Néanmoins, il faut louer une certaine prise de conscience politique des enjeux écologiques. Le succès des différentes manifestations dénote également un intérêt citoyen pour les questions environnementales.

La semaine entière est dédiée au climat à New York où différentes activités rassembleront des entreprises et des représentants de la société civile préoccupés par le sujet.

hémicycle des représentants à l'ONU lors des débats sur le climat à New York
Le sommet de l’ONU pour le climat à New York le 23 septembre 2014. (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Faire cesser le déboisement des forêts tropicales, améliorer la production alimentaire et voir passer à 30% le nombre de véhicules électriques dans les villes sont autant de bonnes résolutions prises pour 2030. Beaucoup de bonnes résolutions qui pourraient aboutir à un accord international concluant en 2015. Certes, on est encore loin d’un véritable « ecocide law », réclamé notamment par les manifestants à Amsterdam qui veulent un délit d’atteinte à l’environnement. Cependant, les gouvernements et investisseurs se sont engagés à lever 200 milliards de dollars pour financer la lutte contre le changement climatique, dont 30 milliards proviendront « d’obligations vertes » émises par des banques commerciales et 100 milliards d’un consortium de banques de développement.

Il est à rappeler que les populations les plus pauvres sont les premières à subir les conséquences du changement climatique. Le continent africain subit déjà un réchauffement climatique qui entraîne la désertification dans certaines régions et la montée des eaux dans bien des zones côtières. Il est largement temps de passer des bonnes résolutions aux actions concrètes.

Élie