Ce mois de mars permet de mettre en lumière les actions politiques, sociales et économiques des femmes. Avant et après la journée des droits de la femme, les projecteurs sont mis sur les femmes d’exception ou les alarmes sur les situations déplorables des femmes à travers le monde entier. De tout ce qui a été écrit sur les femmes ces derniers jours, le combat des femmes d’In-Salah contre l’exploitation du gaz de schiste dans leur région retient particulièrement l’attention.
Cette année, rappelons-le, est significative pour les questions environnementales : les différentes démarches de l’ONU auprès des États devraient aboutir à un accord international prévoyant entre autres de faire cesser le déboisement des forêts tropicales, améliorer la production alimentaire et voir passer à 30% le nombre de véhicules électriques en 2030.
Loin des conférences internationales mobilisant les grands de ce monde, certaines femmes algériennes sont préoccupées par les questions environnementales que pose l’exploitation du gaz de schiste par leur gouvernement et une entreprise américaine. Elles ont initié un sit-in et des marches depuis quelques mois pour manifester leur opposition à l’exploitation du gaz de schiste dans leurs contrées à cause des risques environnementaux.
En fait, le gaz de schiste, gaz naturel qui n’est autre que du méthane ne constitue pas en lui-même un risque pour l’environnement. Ce sont les techniques d’extraction de cette source d’énergie qui font polémique. Certes, elles ont évolué et surtout il n’est plus question de bombes nucléaires qui rendaient finalement le gaz radioactif.
De nos jours, il est question d’injecter sous pression de l’eau dans la roche mère où le gaz est resté. Cette technique appelée fracturation hydraulique suscite quelques inquiétudes : les dégâts causés à la nappe phréatique sont considérables. C’est en raison de ces dommages difficilement remédiables sur l’environnement qu’une loi a été votée depuis 2011 en France pour interdire la fracturation hydraulique. La France regorge pourtant de gisements de ce gaz.
Les actions de contestation des femmes d’In-Salah en Algérie nous renvoient à une question majeure : comment envisager une telle exploitation dans des régions où l’accès à l’eau est déjà critique ? Il faut généralement une longue période pour que les dégâts liés à la fracturation disparaissent. En effet, la durée de renouvellement d’un aquifère saharien est estimée à 70 000 ans. Est-ce qu’avoir de l’énergie à court terme aurait occulté toute faculté de relever l’importance de l’eau pour la santé ou tout simplement pour la vie ?
Comme le gaz compact, le gaz de houille et l’hydrate de gaz, le gaz de schiste représente une source providentielle d’énergie face à l’épuisement des stocks pétroliers de part le monde. Néanmoins, il reste encore à développer un procédé d’extraction qui permette d’en bénéficier sans mettre en péril la nappe phréatique. Après le nucléaire, on ne peut plus se permettre de sauter sur une source d’énergie sans peser le pour et le contre de manière approfondie.
Elie