Le no make-up : tout un art

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Quand bien même je la comprenais, je considérais que la célèbre chanteuse Alicia Keys faisait une erreur en créant autour de son absence de maquillage un événement. On m’avait alors rétorqué que c’était les médias qui en avaient fait tout un foin. Soit !

Elle n’avait fait que saisir la perche pour dénoncer le diktat du maquillage. Elle n’aurait peut-être pas dû. On se doute bien que pour une star comme elle, le naturel regorge de soins et d’artifices. C’est ambitieux et risqué de déclarer solennellement qu’on ne se maquillera plus quand on est souvent sur les podiums, à la télévision. Il est naïf de croire qu’on pourrait tenir le pari ou il est ingénieux de pouvoir pousser certaines à l’admiration par ce geste … anodin pour nous le commun des mortelles.

L’univers des célébrités a ses propres codes. L’image, surtout celle de la femme, en est composante majeure, qu’importe qu’on soit actrice, danseuse, animatrice ou même femme politique. La présentatrice télé australienne, Tracey Spicer, avait déjà attiré l’attention sur cette injonction à être maquillée en s’y soustrayant pendant un an.

Quand on est une star, on est encore plus que les autres femmes poussées à s’habiller, se maquiller, non pas pour se plaire à soi-même mais aussi pour plaire aux autres. En d’autres termes, il faut être belle ! C’est une sorte d’obligation. Eh bien, soyons belles, quoi de plus joyeux !

Mais voilà ! Il n’y a que certaines façons d’être belle. Comment y arriver ? En effaçant notre nature « pleine d’imperfections au regard des normes de beauté ». C’est une course qui n’est pas sans risques. Dans les années 90, avoir une poitrine généreuse faisait partie des critères de beauté. Dans les années 2010, il ne faut pas avoir trop de poitrine non plus. Par contre, les fesses ont la côte. Vive la course au bistouri !

Pour en revenir au maquillage, ses codes évoluent constamment. Il a fallu apprendre le contouring le highlighting, à se faire des lèvres tie and dye, à dessiner ses sourcils aux normes en vigueur. Bref, a-t-on vraiment le choix de ce qui est beau ? Cette déesse incontestable et impitoyable qu’est la mode peaufine les règles de la beauté pour nous, les travaille et en fidèles dévotes, nous suivons son évangile versatile en n’oubliant pas de lui verser une généreuse dîme.

Néanmoins, à travers toute cette ferveur, n’oublions pas de nous regarder et de définir notre propre beauté. Juste pour être claire, je tiens à préciser que je ne parle pas de beauté intérieure. Je parle d’apprivoiser notre image, de savoir la dompter avec ou sans les règles en vigueur, de pouvoir jouer avec nos imperfections et nos atouts. Que la décision de se maquiller ou pas ne soit pas un choix servile. Assumons-nous. C’est surtout en cela que la décision d’Alicia Keys est à respecter. Elle a fait cette décision pour elle. Que chacune prenne sa propre décision.

Aujourd’hui, les révélations de sa maquilleuse sur les petites retouches sur son teint n’ont aucun effet sur moi. Malgré sa décision d’être naturelle, elle aurait utilisé « des cils individuels pour combler ses sourcils et un crayon pour mettre en valeur ses taches de rousseur. Pour donner à son visage, un éclat chaleureux, je lui applique une poudre matifiante ou un sérum anti-âge bronzant » Je n’ai pas eu l’impression d’être bernée ou qu’elle ait voulu tromper qui que ce soit. Peut-être parce qu’au départ, sa décision d’être naturelle n’a eu aucun impact sur mes propres choix.

Je laisse le soin aux nombreuses femmes qui n’ont jamais ressenti le besoin de mettre un anti-cernes ou un correcteur de lui jeter la pierre. Encore une fois, le fait de se maquiller ou pas devrait être pour chaque femme un choix personnel, un choix qu’on ne se sent pas obligée de justifier face au monde.

Heureusement, Alicia Keys avait pris soin de préciser que son choix d’être sans maquillage ne veut pas dire qu’elle est contre le make-up. C’est important de se démarquer du diktat du naturel qui tend aussi à déployer ses ailes. Et sachons le pour de bon, de nos jours, il y a une distinction à faire entre paraître naturelle et être naturelle. Paraître naturelle, c’est tout un art, celui des artifices invisibles.

Akimi


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