Chaque fois qu’Octobre tire sa révérence, je ne peux m’empêcher de penser à tort qu’il ne reste plus grand chose de l’année. Si le plus gros de 2016 est passé, les huit semaines qu’il en reste peuvent aussi peser dans la balance et faire chavirer 2016 dans une direction ou une autre. Commencer la mise en bière de l’année, c’est renoncer à ce qu’elle aurait à nous offrir encore, c’est occulter tous les défis dont le quotidien regorgerait.
Ce n’est pas le moment de s’endormir sur nos lauriers et encore moins celui d’adopter une posture défaitiste face à nos échecs éventuels. En d’autres termes, ne remettons pas d’emblée nos rêves qui n’ont pas encore abouti à l’année prochaine. Il est d’ailleurs un peu tôt pour s’adonner entièrement au bilan de cette année.
Quand on est trop prompt à faire des bilans, on est parfois déçu de ne constater aucune évolution d’un bilan à l’autre. Je pense désormais que c’est un exercice à pratiquer modérément. Trop de bilans tuent l’élan et usent l’envie.
Le froid qui gagne du terrain, les arbres qui se dépouillent de leurs feuilles, le départ des hirondelles, tant de signes de la nature pourraient nous pousser à hiberner, à courir nous blottir dans un certain confort, à déposer les armes ou encore à nous laisser porter par le vent, un peu comme ses magnifiques feuilles mortes.
Aussi magnifiques soient elles, le sort de ces feuilles livrées aux pirouettes du vent n’est pas à envier. Lorsqu’on suit le vent, toute tempête nous voue à un péril certain.
Mais bien plus que la tempête, notre manque de volonté met alors à mal nos chances de réussite.
Gardons plutôt le cap et suivons des trajectoires plus élaborées pour atteindre les buts qu’on se fixe. « Être dans le vent, c’est avoir une ambition de feuille morte. » dit-on*. Il n’y a rien d’original dans le fait d’être en vogue. Il faut innover, créer tout en gardant une certaine sève intemporelle.
Le froid qui gagne du terrain, les arbres qui se dépouillent de leurs feuilles, le départ des hirondelles, c’est le signal d’un enracinement nécessaire à notre survie. Il faudra puiser dans notre sève l’essentiel, se donner une nouvelle énergie, laisser tomber les feuilles mortes, les laisser au vent, se recentrer sur soi.
MM
* Gustave Thibon