Écrire le présent

Partager

Bien des fans ont célébré en novembre dernier le film culte retour vers le futur. Une occasion pour s’interroger sur le recul qu’on a par rapport à l’histoire et sur l’intérêt de l’explorer pour mieux se projeter. Si on avait pu, comme Marty Mc Fly, remonter le temps dans un sens ou un autre, qu’aurait-on changé à notre histoire ? Quelles seraient nos décisions si nous pouvions voir les conséquences qu’elles impliqueraient dans un futur lointain ou même proche ? Aurions-nous fait les mêmes choix douteux, les mêmes erreurs ?

Sisyphe pousse son rocher, tel qu'il doit le faire durant l'éternité.
Sisyphe poussant son rocher, indéfiniment

D’une certaine façon, les temps modernes constituent le résultat des bonnes ou mauvaises décisions du passé. Les mauvaises décisions prises jadis sont d’ailleurs bénéfiques quand elles nous servent d’expériences, pour mieux faire face à l’avenir. Or, elles ne nous servent pas toujours de leçons, que ce soit individuellement ou encore collectivement. Au fil des jours, notre histoire s’écrit sans que nous ayons pleinement conscience de nos rôles. Ce n’est pas au destin de tenir la plume, c’est à nous. Or, nous n’avons visiblement rien compris des erreurs à ne plus commettre.

Il est déjà difficile d’admettre qu’une de nos propres décisions ait été mauvaise ; il nous coûte de reconnaître nos torts. Quand bien même nous y arrivons, nous nous évertuons plus à les justifier qu’à les condamner. Ainsi, même sur le plan collectif, il est difficile de tirer des leçons de l’histoire, de la haine qui engendre et nourrit la haine. Nous condamnons Hitler, son combat ; mais sans comprendre l’idéologie qui l’a mené au pouvoir, nous tendrons inévitablement à la reproduire.

Nous participons à la propagande que nous subissons. Nous ne questionnons plus nos valeurs. Nos aïeux l’ont fait pour nous et, assis sur ce lot de trésors inexploités, nous rêvassons. En héritiers indignes d’un socle de trésors dont nous ne questionnons plus le pourquoi ni le comment, nous savons pourtant nous prévaloir de cette richesse que nous avons en quelque sorte renoncé à faire évoluer, fructifier. Cependant, dès que cela devient opportun, convenant, qui ne brandirait pas sa liberté d’expression, qui ne brandirait pas ses droits, en piétinant volontiers ceux de son voisin.

Nous sommes bien enclins à être citoyens pour faire valoir nos droits. Lorsqu’il s’agit de clamer haut et fort ses obligations, de s’y soumettre, il n’y a personne. Nous avons renoncé à écouter et à comprendre l’autre pour exiger qu’il se soumette à nous, parce que chacun croit posséder désormais la science infuse. Dans ce contexte, que règne la loi du plus fort !

Ce monde sera le résultat de toutes nos inactions, de notre médiocrité, il sera parfaitement le reflet de ce que nous serions devenus et de ce dans quoi nous nous complairions. Il n’y a personne qui viendra du futur nous orienter vers notre épanouissement ou notre accomplissement. Fort heureusement ! On sait ce qu’il en a coûté aux prophètes et aux visionnaires d’oser contrarier la bien-pensance collective de leurs temps.

La nouvelle année 2016

Resterons-nous assis sur notre passé, renonçant à marcher vers l’avenir, en espérant que Dieu, le destin ou même le diable nous préserve de l’inévitable chaos vers lequel nous courons ? L’enfer, ça serait bel et bien nous. D’aucuns disent que 2015 fut une année horrible. Qu’elle nous serve surtout de leçons, qu’enfin 2016 soit l’année d’une prise de conscience sur le plan individuel et à l’échelle universelle, que nous prenions, chacun à notre niveau, en main notre plume pour écrire notre propre destinée et l’Histoire. Rendons l’année 2016 constructive et productive !

MM


Rejoignez-nous sur Facebook pour commenter nos articles !