Trop de soleil, on le sait, décolore et assèche les feuilles d’un arbre. Que peut-on y faire ? C’est dans l’ordre des choses. S’y accrocher, c’est ne pas vouloir se créer de nouveau, c’est refuser de se reconstruire, c’est oublier qu’il faudra de la place pour d’autres feuilles mieux irriguées… Tant qu’on se recentre sur soi pour trouver cette sève pour nourrir notre tronc et nos branches, notre survie n’en pâtira pas. Laissons s’envoler nos feuilles mortes.
Effeuillage nous amène au cœur de cette expérience. C’est un recueil de poèmes, édité par Graines de Pensées. Une passion dévorante, une rupture ravageuse et l’envie de se défaire de l’amertume, de la rage et de la tristesse qui en résultent. Il a fallu alors laisser au vent sa souffrance, ses feuilles sèches, ses amours mortes… Embrasser ses sentiments d’abandon et de solitude puis les livrer à la bise glaciale, essayer de s’en défaire.
J’ai gardé ta chemise en soie
Que tu as oubliée dans ta fuite,
Trophée d’un amour vaincu,
Avec cette odeur indélébile,
Ce parfum d’un autre temps.
J’ai gardé ta chemise en soie ;
Les nuits, l’ombre se déploie :
Seule, en proie à ma démence,
J’y glisse mon cœur meurtri
Et je m’imagine dans tes bras.
Effeuillage, c’est aussi une plume crue qui livre dans une expression simple et imagée des sentiments connus de pratiquement tous. La femme recroquevillée, au sourire figé, sur la couverture est cet arbre qui se recentre sur ses branches et son tronc pour traverser l’aridité et le froid. Les couleurs vives rappellent l’automne, cette saison qui voit les feuilles brunir, rougir, jaunir, mourir pour rejoindre le vent.
L’auteure, Mirinda-Marc, s’y confie à nous sans détour. Le ton est intime, libre et entraînant. Ce recueil nous réconcilie avec la poésie, ce merveilleux et expressif genre littéraire malheureusement en déclin.
Élie