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20Nov/16

Laissons s’envoler nos feuilles mortes

Trop de soleil, on le sait, décolore et assèche les feuilles d’un arbre. Que peut-on y faire ? C’est dans l’ordre des choses. S’y accrocher, c’est ne pas vouloir se créer de nouveau, c’est refuser de se reconstruire, c’est oublier qu’il faudra de la place pour d’autres feuilles mieux irriguées… Tant qu’on se recentre sur soi pour trouver cette sève pour nourrir notre tronc et nos branches, notre survie n’en pâtira pas. Laissons s’envoler nos feuilles mortes.

Effeuillage nous amène au cœur de cette expérience. C’est un recueil de poèmes, édité par Graines de Pensées. Une passion dévorante, une rupture ravageuse et l’envie de se défaire de l’amertume, de la rage et de la tristesse qui en résultent. Il a fallu alors laisser au vent sa souffrance, ses feuilles sèches, ses amours mortes… Embrasser ses sentiments d’abandon et de solitude puis les livrer à la bise glaciale, essayer de s’en défaire.

Effeuillage - recueil de poèmes - éditions Graine de pensées
Recueil Effeuillage


J’ai gardé ta chemise en soie
Que tu as oubliée dans ta fuite,
Trophée d’un amour vaincu,
Avec cette odeur indélébile,
Ce parfum d’un autre temps.

J’ai gardé ta chemise en soie ;
Les nuits, l’ombre se déploie :
Seule, en proie à ma démence,
J’y glisse mon cœur meurtri
Et je m’imagine dans tes bras.

Effeuillage, c’est aussi une plume crue qui livre dans une expression simple et imagée des sentiments connus de pratiquement tous. La femme recroquevillée, au sourire figé, sur la couverture est cet arbre qui se recentre sur ses branches et son tronc pour traverser l’aridité et le froid. Les couleurs vives rappellent l’automne, cette saison qui voit les feuilles brunir, rougir, jaunir, mourir pour rejoindre le vent.

L’auteure, Mirinda-Marc, s’y confie à nous sans détour. Le ton est intime, libre et entraînant. Ce recueil nous réconcilie avec la poésie, ce merveilleux et expressif genre littéraire malheureusement en déclin.

Élie

20Nov/16

Merci pour la leçon

On a l’impression que certaines épreuves sont des initiations, des rites obligatoires pour s’élever. Aussi dures soient-elles, en émerger apporte une valeur inestimable à la vie. La mue ne se fait certes pas sans douleur. Mais à voir la beauté, la force qu’on y gagne, le jeu en vaut la chandelle.

Que le temps passe. Combien de jours m’éloignent de toi ? Beaucoup ? Il y a longtemps que je ne les ai plus comptés. Combien d’heures loin de notre passion confuse. Je me souviens de celles où j’ai pleuré, celles où j’ai tout cassé, celles où je voulais mourir. Je m’en souviens et j’en ris.

Je suis reconnaissante de m’être finalement trouvée, de m’aimer, « à cause de » toi. En quelque sorte, je te le dois. Je n’irais pas jusqu’à dire grâce à toi. C’est grâce à moi. Tu as su me mettre le dos au mur. Une fois, au pied du mur, je n’ai eu d’autre choix que de l’escalader, d’apprendre à m’aimer. J’ai dû mettre « mon cœur » à l’étrier, ma survie en dépendait.

Je n’espérerai plus l’onction dans le regard vide des autres, je n’irai plus le cœur meurtri mendier une reconnaissance aussi futile que périssable, je ne me construirai plus au gré des envies d’autrui, je n’essaierai plus d’être à l’image de ce qu’on attend de moi. Je me contente désormais d’être moi, celle que j’aime, celle que je préfère, celle que j’ai choisie.

Quand on se décrit l’amour que l’on voudrait vivre, certains se focalisent sur les caractéristiques de l’être aimé, d’autres voient la manière dont ils envisagent leur relation d’amour. Dans tous les cas, d’une personne à l’autre, nos attentes diffèrent. On n’a pas la même manière de vouloir être aimée.

Par contre, il serait intéressant de savoir par quel procédé, chacun élabore ses critères. Par son vécu, de manière fortuite, l’astrologie aurait-elle son influence ? Certains chercheraient à être plus compris, d’autres à se sentir appréciés, d’autres encore à être inspirés etc. Le leurre, c’est qu’une personne sache nous aimer sans forcément éprouver réellement de l’amour envers nous. Ne nous y trompons pas, une telle relation peut être très confortable.

À l’inverse, il y a bien ceux qui sont réellement épris de nous sans être capables de nous procurer cette sensation d’être aimée. Est-ce de leur faute ? Parfois oui, il ne suffit pas d’aimer, il faut être à l’affût des espérances de l’être aimé. Il faut pouvoir choisir de s’y plier ou de s’éloigner, par amour. Oui, c’est quelquefois faire preuve de médiocrité ou de paresse que d’aimer sans se donner les moyens de savoir aimer.

Toi, tu étais loin de toute cette inconsistance, autant dire que tu excellais dans l’art de répondre à mes désirs. L’espace d’un instant, tu m’as fait croire à la notion de prince charmant. Je voulais un allié, j’en avais un. Je rends hommage au compagnon de route que tu étais.

M’aimais-tu réellement ? Une chose est certaine : tu aimais cette image de moi que tu façonnais. À chaque fois que je m’en éloignais, tu te sentais trahi. Comment t’en blâmer ? Avec le temps, j’ai compris les malentendus qui nous entouraient.

Tes « je t’aime » se sont évidés. Ils ont gagné en absurdité. « Je t’aime quand tu es comme je veux. » « Je ne t’aime plus. » Mais mon cœur était en proie à une soif de les entendre, ces « je t’aime ». L’addiction, je suppose. Quand j’y pense, je ne t’aimais pas non plus. J’aimais ta façon de savoir m’aimer. J’étais droguée. Je les voulais tes « je t’aime ». Et je voulais devenir à nouveau l’objet de ton amour. Je me façonnais sans cesse à l’image de ton désir, en m’égarant.

Tu voulais une femme forte, je savais l’être. Tu voulais qu’elle soit parfois faible et se repose sur tes épaules, je le devenais. Tu voulais une femme engagée, j’épousais tes causes perdues. Je crois que si tu avais voulu tout le temps la même femme, on serait encore à roucouler sur une plage ou dans un chalet. Il fallait intarissablement être une autre. Il fallait tantôt être une femme qui me ressemblait et, tantôt, celle, qu’avec toute la bonne volonté du monde, je ne pouvais être. Être ce que tu voulais quand tu voulais m’épuisait. Le comble, c’était cette sensation de prostituer mon âme pour de l’amour.

D’une certaine façon, j’avais réalisé depuis fort longtemps le goût fade de tes « je t’aime ». Ils avaient perdu en sincérité. Qu’importe, je la voulais, cette dose d’amour qui aliène. J’avais peur de perdre ton adoration. J’avais peur que personne ne sache m’aimer autant que toi. Je remercie, à présent, cette broutille d’avoir eu raison de notre relation. J’ai trouvé quelqu’un qui sait m’aimer mieux que toi, je me suis trouvée.

À l’origine d’Effeuillage

MM

10Avr/15

Le grand ménage de printemps

Ce début de printemps, vous êtes sans doute préoccupés à mettre de l’ordre dans votre lieu de vie. Il peut être bénéfique également de faire le tri entre les personnes qui vous tirent vers le haut et celles qui vous sont nuisibles.

Une montgolfière dépasse des montagnes à haute altitude
montgolfière en plein vol (Photo: Thierry Zoccolan. AFP)

« La vérité est que, pour prendre de l’altitude, il faut savoir se délester autant des objets que de certains sentiments : la rancœur, l’aigreur… Quelque fois, il faut même se débarrasser de certaines personnes, pour se sentir plus léger, pour procurer quelque soulagement à son cœur. Il est osé de dire de se débarrasser des gens sans précision : il ne s’agit pas de les supprimer physiquement! Il s’agit de mettre fin sans regret aux fausses amitiés et aux relations toxiques.

Pour avoir connu les fausses amitiés, je sais qu’il ne faut pas pleurer celles qui s’évaporent d’elles-mêmes. Aussi grand que soit ce qu’on a vécu avec les faux amis, quand ils lèvent le voile, ils emportent un trésor fictif, un ersatz de camaraderie peu enviable, sans aucune valeur.

Pourquoi courir après un faux-diamant dans une course au trésor? Bien souvent, quand quelqu’un prétend ne plus vous aimer, il ne vous a jamais aimé. Tout au plus, il a aimé une part de vous pendant un moment, ou alors, il a aimé une image toute fabriquée de vous. Bien pire est, à mes yeux, celui qui ne vous a jamais aimé, mais s’est attaché à vous pour l’amour que vous lui portez.

Une montgolfière se fait surprendre par une bourasque de vent, et la nacelle, trop lourde traine par terre dans la poussière.
Une bourasque suffit à justifier de lâcher le leste.

Pour en revenir à celui qui aime juste une part de vous, il vous fera souvent voir, soit clairement, soit subtilement, qu’il vous aime pour… votre sourire, votre fidélité, votre beauté, votre argent etc. En général, la moindre épreuve aura raison de sa présence à vos côtés. En effet, il est normal que quand une personne vous côtoie pour votre sourire, elle prenne de la distance avec vous dans les larmes. Que lui reprocher? Peut-être d’avoir caché les vraies raisons de son attachement. Mais lorsque de surcroît, ces raisons vous étaient clairement avouées, blâmez-vous!

Par contre, celui qui aime une image de vous n’est pas facilement repérable, il prétend vous connaître, connaître chacune de vos réactions et peut même vous en persuader. Il pourra ainsi traverser des épreuves difficiles avec vous. Mais lorsque le temps lui fera voir votre vraie image, le choc de la désillusion sera dur… Dans ce dernier cas, il est autant à plaindre que vous-même. Son amitié était basée sur une fausse image. Il se sentira victime d’un dol quand bien même vous n’auriez rien fait pour l’induire en erreur. »

Extraits des mémoires d’une piquée à vif

Mirinda-Marc