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03Nov/16

Être aimable ou être gentil-le : telle est la question

À peine vient-on d’enlever nos masques pour Halloween qu’il va en falloir porter un autre, nous, moches et méchants-es que la journée de la gentillesse oblige à faire preuve d’une certaine bienveillance envers nos semblables. Ce monde est décidément un folklore sans fin.

Peut-on forcer la gentillesse ?

Raisonner ainsi c’est se méprendre sur l’intérêt de cette journée de la gentillesse. Comme les journées du rire et du sourire, le but est de rappeler, pour les 364 autres jours, que la gentillesse est une valeur importante. Après, nul n’est obligé de s’y soumettre. Pour ceux qui se prêtent volontiers au jeu, qu’ils se sentent libres de continuer après minuit, toute l’année, toute votre vie durant.

On a tendance à oublier ce qu’est la notion de gentillesse. Elle échappe de plus en plus à ce qu’elle devrait évoquer de noble comme la bonté, le souci des autres. De nos jours, elle tend plutôt à être assimilée au fait d’être con, de se laisser marcher sur les pieds etc.

Rappelons-nous quand on était enfant, comment cette valeur nous servait naturellement à appréhender le monde: il y avait les gentils-les et les méchants-es. On aimait bien alors être dans le camp de la gentillesse. Adulte, on se rend bien compte que cette vision manichéenne était assez limitée. On met plus de nuance : on apprend par exemple que certaines amabilités ne sont que pure politesse, voire hypocrisie. La notion de méchanceté elle-même devient relative quand nous grandissons.

À défaut d’être gentil-le, on se cantonne à être aimable, ce qui est également assez noble. Or, l’amabilité n’est qu’un ersatz de gentillesse. Elle n’engage pas vraiment le cœur. C’est une gentillesse superficielle voire artificielle. La bonté et la bienveillance que suppose la gentillesse peuvent être totalement étrangères à l’amabilité.

Être aimable n’est parfois que pure façade pour l’hypocrite qui veut arborer une gentillesse feinte. L’hypocrisie étant « un hommage que le vice rend à la vertu »*, ne sous-estimons pas l’élaboration, le raffinement de cet hommage. La copie peut parfois faire passer l’original pour une usurpation.

L’essentiel, ce n’est pas de savoir si ceux qui nous entourent, feignent leur gentillesse. De toute façon, il serait difficile de le détecter réellement, on ne peut pas voir dans les cœurs. Gardons juste à l’esprit que certains savent très bien simuler la gentillesse à coup d’amabilités désarmantes. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose.

En réalité, beaucoup préconisent la gentillesse sur le lieu de travail. Elle permettrait une bonne ambiance de travail et moins de stress, ce qui se ressentirait sur les résultats. Sachons néanmoins que si la gentillesse toute désintéressée, toute pure n’est pas de notre goût, nous pouvons tout aussi bien nous distinguer par notre amabilité envers nos collègues, le but étant une bonne ambiance de travail.

L’essentiel serait de pouvoir déterminer soi-même si on est plutôt gentil-le ou juste aimable avec notre entourage. Lorsque notre bienveillance est conditionnée par la reconnaissance des autres ou par une stratégie, ce n’est certainement pas de la gentillesse. Si cette dernière fait réellement partie des valeurs auxquelles nous sommes attachés-es, sachons ne pas la feindre, sachons être bienveillants-es, entièrement, avec le cœur, quitte à passer pour des faibles.

Dina

* François de la Rochefoucauld

26Oct/16

Nous n’avons pas les mêmes valeurs

Les valeurs sont des principes auxquels doivent se conformer les manières d’être et d’agir. Chaque société dispose de la sienne. Néanmoins, il est des valeurs qui sont reconnues universellement.

À l’image de chaque société, chaque individu devrait définir son socle de principes. Bien sûr, on peut puiser dans les valeurs propres à sa culture pour définir les siennes propres. Mais pas uniquement. Notre vécu, notre connaissance de notre propre personnalité, notre sensibilité, notre penchant naturel sont autant d’éléments qui rentrent en compte dans la définition de ces règles.

Ces valeurs peuvent être aussi définies par la négative : ce sont les qualités auxquelles lorsqu’on se soustrait, on se sent profondément meurtri ou on a l’impression de s’égarer. Ce sont les principes auxquels déroger nous ferait perdre notre estime de soi. Il est vrai qu’on peut la retrouver pour peu qu’on fasse le cheminement de se pardonner nous-mêmes.

Montée d’escalier – Conçu par Javi_indy – Freepik.com

Limiter ses valeurs à celles dans lesquelles on a été élevé, c’est refuser de progresser. Certes, les valeurs dans lesquelles on a baigné dans nos familles finissent souvent par devenir les nôtres. Mais si elles ne nous représentent plus vraiment, doit-on se forcer, par pure tradition, à les suivre ? C’est exactement comme pratiquer une religion sans avoir la foi. Se mentir à soi-même, se faire subir sa propre hypocrisie, c’est un moyen sûr de s’égarer.

En définitive, nos valeurs devraient être en adéquation avec qui nous sommes vraiment. C’est sur ce socle que nous établiront notre développement personnel et qui sait, notre success story. Ne laissons donc pas n’importe qui remettre en question nos valeurs. C’est à nous que revient le privilège de les redéfinir, le cas échéant. L’on comprendra bien tout de même que ce ne sont pas des choses qui doivent varier d’une semaine à l’autre.

Si nous ne les avons pas encore définies, il serait temps de mûrir la question. Sur une feuille, inscrivons une dizaine de principes, une sorte de 10 commandements sans lesquels nous nous sentirions aliéner.

Par ailleurs, les autres ne doivent pas être tenues de se plier à nos valeurs. Bien entendu, il est essentiel de partager un certain nombre de principes avec son entourage pour se sentir à son aise avec celui-ci. Néanmoins, obliger les gens qui nous entourent à adhérer à nos valeurs ne ferait que les éloigner de nous ou les aliéner. Il est vrai que nous n’aurons pas toujours les mêmes valeurs que ceux avec qui nous interagirons au quotidien. Faut-il pour autant créer une hiérarchie des valeurs et les condamner sur cette base ? Gardons à l’esprit qu’il y a une différence entre le fait d’avoir des principes et celui d’être fanatique !

Pourquoi doit-on définir ses valeurs ?

  • Nos valeurs nous guideront dans le choix de votre entourage
  • Nos valeurs nous permettront d’identifier vers qui ne pas aller
  • Nos valeurs conditionneront nos décisions
  • Nos valeurs nous guideront vers les causes qui nous conviennent
  • Nos valeurs feront de nous des personnes estimées
  • Nos valeurs nous motiveront
  • Nos valeurs nous aideront à cultiver notre charisme
  • Nos valeurs nous permettront de nous situer par rapport à la société
  • Nos valeurs seront le moteur de nos opinions
  • Nos valeurs jouent un grand rôle dans la construction de notre estime de soi

Dina

24Oct/16

Profilons un peu nos relations !

Que recherchons-nous en premier chez nos amis ou mieux encore dans nos relations amoureuses ?

Est-ce que dans toutes nos relations, on recherche d’une certaine façon le même portrait ? Le terme portrait pourrait porter à confusion. Aussi, est-il nécessaire de préciser qu’on ne parle pas du physique. Quoique, beaucoup aient des critères physiques très précis particulièrement dans leur recherche de la personne avec qui ils/elles souhaitent partager leur vie ou… leur lit, personne ne juge.

En réalité, il est question ici des valeurs qui nous attirent et sur lesquelles on base nos relations. Bon, je vous l’accorde : le terme prête encore à confusion. Mais entendons-nous : valeurs ne désignent pas non plus l’argent ou la richesse matérielle de nos relations. Enfin, il y en a pour qui ça compte aussi. La richesse immatérielle de notre entourage, c’est bien de cela qu’il s’agit.

C’est assez difficile de nous dire ce qui nous attire de manière générale chez ceux que nous fréquentons, sauf quand c’est matériel justement ou palpable ( leur porte-monnaie, leur beauté…). Mais il y a une question à laquelle chacun-e peut répondre objectivement pour peu qu’il/elle s’en donne la peine. Pour qu’une relation marche avec une personne, faut-il que celle-ci soit plutôt exactement comme nous, faut-il qu’elle soit totalement à notre opposé ou encore, faut-il juste qu’on sente une certaine complémentarité entre nous ? Avec quel type de profil, vos relations marchent-elles le mieux ?

Je pense que chaque personne a des critères conscients et des critères inconscients dans sa quête d’amis ou d’âme sœur. Bien plus encore que les critères qu’il/elle maîtrise, ceux qu’il/elle ignore en disent long sur lui/elle.

En tout cas, l’astrologie se vante d’avoir réussi à ébaucher ce que nous désirons dans nos relations selon notre signe. Inutile de préciser que ce n’est pas une science exacte. Mais, il paraît que, parfois, certaines prévisions tombent juste.

En conclusion, je propose un défi. Selon vos aspirations, trouvez à quel signe vous correspondez compte tenu des détails ci-dessous. Dites-nous si c’est réellement votre signe. Puis, dîtes-nous si d’une certaine manière, ces constats peuvent être vrais. Peut-être auriez-vous observé ces tendances dans votre entourage. fb.me/egeriesmag

Voilà selon votre signe astrologique ce que vous rechercheriez dans vos relations (avec mes petits commentaires sceptiques, bien entendu) :

  • Bélier, du 21 Mars au 19 Avril : Un-e partenaire à l’écoute. Le bélier serait-il un brin jaseur ?
  • Taureau, du 20 Avril au 20 mai : Quelqu’un-e qui puisse le/la supporter. Oh, ça sent la bête difficile à vivre.
  • Gémeau, du 21 Mai au 20 Juin : Une personne qui puisse le/la faire rire. Disons qu’il n’en demande pas trop le gémeau. Les tristounets, d’après l’astrologie, vous n’avez aucune chance.
  • Cancer, du 21 Juin au 22 Juillet : Quelqu’un-e qui se soucie et prend soin d’elle/lui. Il va falloir ramener le petit-déjeuner au lit chaque matin.
  • Lion, du 23 Juillet au 23 Août : Un-e partenaire qui l’aime. Bon là, on déplore carrément le manque de précision. Mais soyons pas exigeants, c’est de l’astrologie. Plus c’est vague, mieux c’est : on peut facilement s’y reconnaître. D’ailleurs…
  • Vierge, du 24 Août au 22 Septembre : Quelqu’un-e qui le/la respecte. Que dire : c’est une aspiration noble qui inspire déjà le respect.
  • Balance, du 23 du septembre au 22 Octobre : Un partenaire qui le comprenne. Pour peu qu’il/elle soit haut-perché-e, ça promet.
  • Scorpion, du 23 Octobre au 21 Novembre : Une personne qui l’inspire. Prête à jouer la muse au quotidien ? C’est un sacré défi.
  • Sagittaire, du 22 Novembre au 21 Décembre : Une personne avec qui s’amuser. Faudra ajuster les loisirs et centres d’intérêt, c’est plutôt faisable, non ?
  • Capricorne, du 22 Décembre au 19 Janvier : Une personne à qui se rattacher. Il faut entendre ici une personne avec qui il/elle a des points communs pour pouvoir vraiment se connecter. Eh oui, on est souvent en bonne compagnie avec ceux qui nous ressemblent.
  • Verseau, du 20 Janvier au 19 Février : Quelqu’un-e qui les embrasse. Calmons-nous, ce n’est pas uniquement au sens physique du terme. Autrement, quels sacrés mendiants de câlins. Non, voyons également l’angle où la personne embrasse tout ce que tu es, entièrement.
  • Poisson, du 20 Février au 20 Mars : Un partenaire qui la/le réconforte ou l’encourage. J’espère qu’il ne vous sera pas demandé de faire la ola tout-e seul-e.

Quand j’y pense, j’arrive pas à choisir, je veux un peu de tout ça dans mes relations. Mais puisqu’il faut jouer le jeu, mes aspirations me font choisir la part du lion : être ou se sentir aimée par son entourage, y a rien de tel.

Et non, ça ne correspond pas à mon vrai signe. Mais quand je cherche bien dans mon entourage, je me dis que madame Astrologie n’a pas tort : il y a deux taureaux qu’il faut pouvoir supporter dans mes proches.:p

Dina

16Oct/16

Pour une inimitié voulue et utile

C’est après notre article sur la sélection minutieuse de nos amis que la question du choix de nos ennemis nous a été soumise. Naturellement, personne ne souhaite avoir des ennemis. Cependant, malgré toute l’hostilité et la nuisance que cette relation peut entraîner, ne sous-estimons pas la valeur de nos ennemis dans notre évolution.

Quant à la question proprement dite de savoir si on choisit ses ennemis, la réponse ne va pas de soi. J’aurais tendance à répondre plutôt par l’affirmative mais il faut nuancer cette réponse affirmative. En effet, nous choisissons nos ennemis mais est-ce souvent par un procédé aussi conscient que la sélection de nos amis ou est-ce le fruit des circonstances ?

Dans une certaine mesure, nos ennemis sont simplement issus de notre positionnement ou de nos causes de prédilection. Si nous ne désignons pas directement pas un tel comme notre ennemi, il peut le devenir par notre choix de nous opposer à lui sur tel sujet ou dans tel combat. En l’occurrence, nous avons choisi notre ennemi en choisissant notre cause. Et en bon stratège, on sait qu’une cause ne se choisit pas à la légère ! Idéalement, on en aura évalué, en plus de son sens et de sa nécessité, les tenants et les aboutissants, les alliés et les opposants à notre cause avant de s’y engager. Ainsi, on aura d’une certaine manière choisi contre qui se battre en toute connaissance de cause.

Deux escrimeuses s'affrontent au fleuret électrique, l'une portant une attaque sur l'autre en défense.
Escrimeuses – Bay Cup UWF 1/19/14 TFC

C’est également le cas de l’ennemi en terme de concurrent, notre apparition sur un défi ou encore sur un marché, nous positionne comme adversaire de ceux qui y étaient déjà. Ici aussi, c’est un choix qui est fait en connaissance de cause. Normalement, si nous avons bien appris nos leçons, bien fait nos devoirs, avant même d’arriver sur ce marché, on sait et maîtrise les méthodes, les positions de nos ennemis et notre force de frappe face à eux.

Par ailleurs, dans un registre moins commercial, plus personnel, notre ami peut devenir notre ennemi. Choisir son ennemi se place dans le contexte plus large de choisir son entourage. Un ennemi ne vient pas de nulle part. C’est même de cette idée générale que découle l’idée de choisir avec soin ses ennemis. Oscar Wilde nous recommande de les choisir pour « leur bonne intelligence. Un homme ne saurait être trop soigneux dans le choix de ses ennemis. »

En choisissant parfois nos amis, nous choisissons nos potentiels ennemis. Sachez qu’il n’y a pas de plus redoutable ennemi qu’un ancien ami. Il y a cette intimité qui lui confère une certaine place et une certaine force. Un dénommé Adolphe d’Houdetot disait : « Convaincu que les ennemis se recrutent parmi les amis, je choisis toujours ces derniers en prévision du double rôle qu’ils peuvent être appelés à remplir. En agissant ainsi, j’ai des ennemis de mon choix. » Faut-il sélectionner nos amis en gardant à l’esprit qu’ils seront peut-être nos futurs adversaires ? J’avoue ne pas être à l’aise avec cette idée.

J’aimerais également pouvoir dire que si on choisit très bien ses amis, aucun risque qu’ils deviennent un jour nos ennemis. Mais c’est sous-estimer les mutations aléatoires des relations humaines et/ou surestimer les réels sentiments de nos amis à notre égard. Au mieux, nous nous serons assurés un ennemi qui a les mêmes valeurs que nous. Dès fois, ça compte de savoir la ligne de conduite de son adversaire, non ?

Des hommes politiques se frappent au parlement ukrainien.

J’en viens au point le plus crucial de cet article : choisir de ne pas être systématiquement l’ennemi de ceux qui voudraient nous désigner comme leur ennemi ; c’est, il me semble, sur ce point qu’on a une certaine marge de manœuvre à condition d’user de stratégie et d’adresse.

Comme Nietzsche l’affirmait : « il faut toujours choisir soigneusement ses ennemis, parce qu’on finit par leur ressembler ». Personnellement, j’ai toujours pensé qu’il faut tuer certaines inimitiés dans l’œuf. Parmi elles, ces inimitiés qui n’ont d’autres intérêts que celles d’être chronophages. Entendons que même nos ennemis doivent nous apporter une certaine satisfaction, un certain gain. Sinon, quel en est l’intérêt ?

Il faut rappeler que l’inimitié est une relation qui s’initie. La résoudre d’avance en ne créant pas de relation est parfois recommandée. Cela ne se joue souvent qu’à des petits détails, savoir laisser couler une provocation, ne pas répondre aux viles insultes. Cela relève de la maîtrise de soi. Ignorer une provocation ferme la porte à un acharnement inutile, à moins d’avoir affaire à un fanatique ou un harceleur. Tiens ! Serait-ce un persécuteur sur les réseaux sociaux, bloquez-le tout simplement.

Pour finir, ne cultivons pas l’inimitié ou toute la négativité qu’elle tend à soulever. Mieux vaut rester des adversaires courtois et élégants qu’organiser des bagarres sur la place du marché. Il en va de notre image, de notre crédibilité. L’idéal, c’est de savoir éteindre l’inimitié, la faire évoluer vers une certaine camaraderie.

Sur le plan économique, la concurrence stimule le marché. Néanmoins, un bon stratège ne manquera pas l’opportunité de s’asseoir avec son concurrent pour conclure une entente ou encore pour lutter contre un troisième larron. Il vous dira même que la meilleure manière de « tuer » son ennemi est de le racheter. Vous ne vous placez pas dans une optique entrepreneuriale ? Essayez quand même dans votre quotidien, c’est une formule éprouvée : « On fait mourir ses ennemis en les rendant ses amis » – Jean Baptiste Blanchard. Si nos amis peuvent devenir nos ennemis, pourquoi ne pas donner l’opportunité à nos ennemis de faire le parcours inverse ?

Anya

26Sep/16

L’Amitié, une affaire à ne pas prendre à la légère

Contrairement à sa famille, on a semble-t-il le choix de ses amis. Faut-il prendre ce choix à la légère, quand on sait que nos amis influenceront nos opinions, notre manière de voir le monde et même nos options dans la vie ? D’une certaine manière, ces relations amicales sont une pièce importante dans la configuration de notre bonheur.

Il est vrai qu’en matière d’amitié, il est plutôt question de « feeling », d’affinités que de calculs ingénieux. Enfin, normalement ! Mais idéalement, quand on veut s’épanouir, il est nécessaire de pouvoir remettre en question ces affinités surtout lorsqu’elles sont nuisibles. Il faut par exemple se demander pourquoi je traîne avec cette personne qui me rabaisse sans cesse ou inversement, pourquoi j’aime choisir mes amis de sorte à me sentir supérieur à eux. Dans le premier cas, ce lien peut-être la cause ou le résultat de la mauvaise estime qu’on a de soi et, dans le second, le signe d’une insécurité intime ou un besoin irrépressible de se « rassurer quand on se compare ». Des mécanismes insidieux et inavouables sont souvent le moteur d’une amitié nuisible.

Si l’amitié ne consiste pas non plus en une relation donnant-donnant, elle doit être source de satisfaction d’un côté comme de l’autre; autrement il est possible que quelqu’un se sert de l’autre comme faire-valoir, parfois sans le savoir.

Qu’on se le dise franchement, l’amitié n’est pas une affaire à prendre à la légère. L’adage culte « mieux vaut être seul que mal accompagné » prend ainsi tout son poids. Quoique prétendent les antisociaux, ces propos ne sont pas un hymne à la solitude. C’est une notice parfois négligée mais très utile à nos interactions sociales. Pour en revenir à l’amitié, en tant que « commerce » sérieux, impliquant notre affection, n’ayons pas peur d’ériger des frontières nettes entre elle et la camaraderie.

Que nos passions, nos fréquentations ou nos centres d’intérêt nous fassent côtoyer régulièrement une personne, nous y gagnons un camarade. N’érigeons pas précipitamment le drapeau de l’amitié sur un territoire aussi fragile. L’amitié va bien au-delà et requiert des sacrifices, un vécu, une présence (sans conditions) l’un pour l’autre dans les bons comme les mauvais moments. Il est fondamental d’effectuer cette distinction à l’heure des réseaux sociaux, convoyeurs de relations virtuelles difficiles à qualifier.

Il n’est pas obligatoire de vouloir les mêmes choses, d’avoir les mêmes opinions ou de prendre les mêmes voies que ses amis, c’est certain. Cependant, on ne peut nier qu’il y a un minimum d’aspirations qui représentent le socle d’une amitié viable. Ce cher bon vieux Sénèque (de la tranquillité de l’âme) donne ainsi quelques conseils pour « une amitié bien choisie »:

« Rien pourtant ne réjouira autant l’âme autant qu’une douce et fidèle amitié »

On doit s’épanouir dans une relation amicale. Si une relation dite amicale est toujours en eaux troubles, entre querelles, incompréhensions, jalousies et tensions, il est temps d’y réfléchir plutôt deux fois qu’une. Il est clair que les vrais amitiés traversent des moments difficiles. Mais quand une relation amicale nous prive de toute sérénité, nous nous devons d’employer les grands moyens pour retrouver la paix.

« Les vices rampent de proche en proche donc on devrait choisir nos amis exempts de vices. »

Quel défi !
Les gens se font une idée de qui nous sommes à travers qui nous fréquentons. C’est un fait. Mais ce n’est pas ce qui devrait nous inquiéter le plus. Ce qui est crucial c’est que nos amis ont de l’influence sur nous ! Que nous l’admettons ou pas, que nous le voulons ou pas. Veillons à ce que cette influence soit le plus positif possible. Il ne s’agit pas non plus de réserver notre amitié uniquement aux gens qui sont exactement comme nous ou qui pensent comme nous. On veillera plutôt à avoir avec nos amis un socle de valeurs qui nous sont chères ; en effet, un minimum de valeurs communes est nécessaire pour assurer la bonne marche des relations amicales.

Par ailleurs, il faut fuir comme la peste les relations qui nous entraînent vers le bas.


« Mais aujourd’hui en une telle pénurie, d’honnêtes gens, soyons moins exigeants »

Il est difficile d’avoir un ami exempt de tous les vices, toujours présent pour nous, qui sait toujours comment nous épauler et qui nous offre une amitié sans aucune fausse note. Certes, il est tout à fait possible de se confectionner un compagnon imaginaire sur mesure frôlant la perfection. Mais dans le monde réel il faut surtout apprendre à accepter les défauts de ses amis et savoir les apprécier malgré leurs défauts.

Gardons également à l’esprit qu’une relation amicale elle-même n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut savoir communiquer pour arranger les désaccords avec ses amis et surmonter les épreuves de l’amitié.


« Ne manquons pas d’éviter les gens tristes qui pleurent sur tout et qui trouvent partout des sujets de plainte »

Une belle amitié nous aide à nous épanouir. Elle ne doit pas nous conduire à un état dépressif permanent. Bien sûr, il arrive qu’on ait des amis dépressifs et c’est naturel d’aider ceux-ci à surmonter leur état dépressif ou de les épauler face à l’adversité. La recommandation d’éviter les gens tristes ne fait aucunement référence à cette situation. Au contraire, questionnons-nous sur la loyauté des amis qui disparaissent systématiquement, lors de nos traversées du désert. Ne pas se lier d’amitié aux gens tristes, c’est plutôt se préserver de ceux qui font le culte de la négativité.

MM

10Avr/15

Le grand ménage de printemps

Ce début de printemps, vous êtes sans doute préoccupés à mettre de l’ordre dans votre lieu de vie. Il peut être bénéfique également de faire le tri entre les personnes qui vous tirent vers le haut et celles qui vous sont nuisibles.

Une montgolfière dépasse des montagnes à haute altitude
montgolfière en plein vol (Photo: Thierry Zoccolan. AFP)

« La vérité est que, pour prendre de l’altitude, il faut savoir se délester autant des objets que de certains sentiments : la rancœur, l’aigreur… Quelque fois, il faut même se débarrasser de certaines personnes, pour se sentir plus léger, pour procurer quelque soulagement à son cœur. Il est osé de dire de se débarrasser des gens sans précision : il ne s’agit pas de les supprimer physiquement! Il s’agit de mettre fin sans regret aux fausses amitiés et aux relations toxiques.

Pour avoir connu les fausses amitiés, je sais qu’il ne faut pas pleurer celles qui s’évaporent d’elles-mêmes. Aussi grand que soit ce qu’on a vécu avec les faux amis, quand ils lèvent le voile, ils emportent un trésor fictif, un ersatz de camaraderie peu enviable, sans aucune valeur.

Pourquoi courir après un faux-diamant dans une course au trésor? Bien souvent, quand quelqu’un prétend ne plus vous aimer, il ne vous a jamais aimé. Tout au plus, il a aimé une part de vous pendant un moment, ou alors, il a aimé une image toute fabriquée de vous. Bien pire est, à mes yeux, celui qui ne vous a jamais aimé, mais s’est attaché à vous pour l’amour que vous lui portez.

Une montgolfière se fait surprendre par une bourasque de vent, et la nacelle, trop lourde traine par terre dans la poussière.
Une bourasque suffit à justifier de lâcher le leste.

Pour en revenir à celui qui aime juste une part de vous, il vous fera souvent voir, soit clairement, soit subtilement, qu’il vous aime pour… votre sourire, votre fidélité, votre beauté, votre argent etc. En général, la moindre épreuve aura raison de sa présence à vos côtés. En effet, il est normal que quand une personne vous côtoie pour votre sourire, elle prenne de la distance avec vous dans les larmes. Que lui reprocher? Peut-être d’avoir caché les vraies raisons de son attachement. Mais lorsque de surcroît, ces raisons vous étaient clairement avouées, blâmez-vous!

Par contre, celui qui aime une image de vous n’est pas facilement repérable, il prétend vous connaître, connaître chacune de vos réactions et peut même vous en persuader. Il pourra ainsi traverser des épreuves difficiles avec vous. Mais lorsque le temps lui fera voir votre vraie image, le choc de la désillusion sera dur… Dans ce dernier cas, il est autant à plaindre que vous-même. Son amitié était basée sur une fausse image. Il se sentira victime d’un dol quand bien même vous n’auriez rien fait pour l’induire en erreur. »

Extraits des mémoires d’une piquée à vif

Mirinda-Marc